Entre sourde oreille et loi du silence, la problématique des nuisances sonores en milieu scolaire semble quasi ignorée. Pourtant, tous les acteurs de l’école en subissent les conséquences. Problème de santé, d’environnement et de citoyenneté, il mérite d’être analysé avant de s’y attaquer avec les élèves.
[1]J&E asbl., service à la jeunesse dont les objectifs sont la sensibilisation et la mobilisation des jeunes au développement durable et aux valeurs de l’écologie politique.Les sources de bruits dans l’école sont multiples :
– Les sources extérieures : elles sont dues à l’implantation de l’école près des aéroports, des grands boulevards et des carrefours importants, près d’activités industrielles, etc. Rares sont ces écoles équipées de protection acoustique (vitrage isolant par exemple).
– Les bruits inhérents à l’école : nuisances sonores dues aux entrées et sorties de classes, aux sonneries, aux activités dans les locaux voisins (telle cette classe située à côté du local de musique, une simple cloison séparant les deux pièces),…
– L’acoustique du bâtiment : l’aménagement des locaux peut augmenter les nuisances : salles trop hautes, longs couloirs, matériaux favorisant la réverbération du son sur des parois lisses et dures : sols carrelés, murs peints, vitres.
– Les bruits générés par les occupants du local : bavardages inutiles, crayons transformés en instruments de percussion, bruit strident des chaises sur le carrelage,…
Les réfectoires cumulent souvent les problèmes : l’acoustique y est épouvantable et les élèves nombreux. Chacun parle plus fort que le bruit de fond pour se faire entendre, le ton monte : c’est l’effet ” cocktail “.
Vous avez dit bruit ?
Une étude de l’IBGE[2]L’exposition des écoliers au bruit (document d’analyse technique), Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement (IBGE), 1999. y a relevé des niveaux sonores analogues à ceux d’une menuiserie ou d’une circulation automobile intense (80 à 90 décibels[3]Le décibel est une unité représentant le logarithme du rapport entre la pression acoustique mesurée et l’intensité la plus faible perceptible par l’oreille. Comme l’échelle de … Continue reading). Une exposition à de tels niveaux, même pendant une heure, nécessite plus d’une demi-heure de récupération.
La gêne au bruit dépend de plusieurs facteurs : le niveau sonore (mesuré en décibels) et la hauteur du son (grave – aigu). L’oreille humaine est plus sensible aux sons aigus. La durée d’exposition et la capacité de résistance individuelle aux bruits à un moment donné.
Moins de bruit = plus de réussite pour tous…
Un niveau moyen sonore[4]Niveau sonore moyen : en simplifiant, c’est une sorte de moyenne de tous les niveaux des divers bruits enregistrés sur une période donnée. C’est cette mesure qui est utilisée pour … Continue reading élevé peut entrainer un retard dans l’acquisition du langage parlé et écrit. Des études françaises, allemandes et anglaises ont prouvé qu’en l’absence d’un savoir de référence, les enfants ne comprennent pas une phrase de 27 mots (longueur standard) dès que 5 mots sont mal ou non compris. Imaginez les effets néfastes sur l’apprentissage de la lecture – essentielle dans tout développement intellectuel – ou sur celui des langues étrangères ! Les élèves en situation précaire (échec, problèmes d’apprentissage, difficultés familiales ou sociales, etc.) sont les premiers touchés. Ces mêmes études relèvent des déficits dans la résolution de problèmes et des difficultés à poursuivre une tâche complexe.
… plus de sérénité…
L’agressivité, l’instabilité, les changements d’humeur, l’agitation psychomotrice et la réduction de la concentration peuvent être dues à une fatigue excessive au bruit. Une diminution des nuisances sonores permettrait des échanges plus riches entre élèves, une plus grande efficacité des travaux d’équipes, une meilleure concentration et une amélioration de la qualité de l’écoute.
… et une meilleure santé
Chacun a déjà connu des pertes d’acuité auditive temporaire suite à un bruit intense ou a perçu des sifflements internes à l’oreille après une exposition prolongée à des bruits importants (musique dans un baladeur, par exemple). La répétition de tels phénomènes peut entrainer des dommages irréparables dans l’oreille dès le plus jeune âge.
D’autre part, l’organisme interprète le bruit comme le signal d’un danger, ce qui provoque un déséquilibre : le cœur bat plus vite, la tension augmente, la digestion est ralentie, le stress est plus important. À terme, la santé peut s’en trouver altérée.
Enfin, combien d’enfants et d’enseignants ne se plaignent jamais de maux de tête en fin de journée ou après la récréation sous un préau au vacarme infernal ?
À l’attaque
Inutile d’imposer une discipline de fer dans nos écoles (méthode très fatigante et improductive), impensable de supprimer les réfectoires,… Alors, que faire ? Attaquons le problème sous trois angles : la sensibilisation des élèves, la recherche de solutions techniques peu couteuses et l’amélioration de l’acoustique des bâtiments scolaires.
Recette [7]Essayez cette recette et faites part des résultats de vos actions à courriel.traces@belgacom.net ou à info@jeunesse-et-ecologie.be. Échecs, expériences, adaptations, tout est bienvenu.
Lieux | Evaluation du bruit | Sources | Nuisible ? |
Couloir 1 | … | … | … |
… | … | … | … |
Notes de bas de page
↑1 | J&E asbl., service à la jeunesse dont les objectifs sont la sensibilisation et la mobilisation des jeunes au développement durable et aux valeurs de l’écologie politique. |
---|---|
↑2 | L’exposition des écoliers au bruit (document d’analyse technique), Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement (IBGE), 1999. |
↑3 | Le décibel est une unité représentant le logarithme du rapport entre la pression acoustique mesurée et l’intensité la plus faible perceptible par l’oreille. Comme l’échelle de décibels est logarithmique, le doublement de l’intensité sonore correspond à une différence de 3 décibels (autrement dit 60dB + 60dB = 63 dB) et une augmentation de 10 décibels donne un son 10 fois plus fort (10 x 60 dB = 70 dB). |
↑4 | Niveau sonore moyen : en simplifiant, c’est une sorte de moyenne de tous les niveaux des divers bruits enregistrés sur une période donnée. C’est cette mesure qui est utilisée pour caractériser le bruit causé par un chantier, une route, un dancing, etc. On l’appelle aussi niveau de pression acoustique continu équivalent et on l’écrit L éq. |
↑5 | Disponible avec un livret pédagogique chez Jeunesse & Écologie asbl., 44 rue Godefroid à 5000 Namur, 081 22 96 28. voir site |
↑6 | Directive 2002/49/CE relative à l’évaluation et à la gestion du bruit dans l’environnement. Pour en savoir plus : • Centre d’Information et de Documentation sur le Bruit (CIDB) (organisation française). Centre de documentation, édition de brochures et de dépliants, publications techniques et pédagogiques, formations. Voir site->www.bruit.fr • Fondation Nicolas Hulot, fiches pédagogiques téléchargeables, importante bibliographie en ligne |
↑7 | Essayez cette recette et faites part des résultats de vos actions à courriel.traces@belgacom.net ou à info@jeunesse-et-ecologie.be. Échecs, expériences, adaptations, tout est bienvenu. |