« On fait de la PI à Couleurs Jeunes ! On fait de la PI à Couleurs Jeunes ! » On a tendance à dire ça à qui veut l’entendre, mais je pense que, c’est plutôt la PI qui fait quelque chose avec nous !
Premier Conseil d’équipe de l’année, je rends compte de mon stage en pédagogie institutionnelle de cet été en niveau 3. J’ai envie de mettre un coup de pied dans la fourmilière. Certes, l’équipe est allée en stage. Oui, nous avons des Tours des responsabilités (TDR), des Quoi de neuf, des Je propose de parler de et on est même un Épi à projet, mais j’ai l’impression que tout cela ronronne depuis un moment.
Il y a plus de dix ans que nous avons rencontrés la PI, cette démarche porteuse d’une éthique fait écho en nous.
Je propose de travailler sur le projet d’ateliers créatifs en s’inspirant davantage de la PI, comme pour les ateliers pédagogiques, avec des institutions plus régulières et, surtout, en imposant que le projet des six ateliers aboutisse à une production commune qui nécessite l’utilisation de l’écriture. Tout cela va nous contraindre à négocier, à prendre des responsabilités et à s’organiser avec les enfants…
Ne pas se reposer
L’équipe n’est pas trop frileuse, certains sont plus aguerris que d’autres. Pas facile de ne plus se reposer sur une technique d’animation que l’on maitrise pour se laisser guider et réguler par le pouvoir et les responsabilités pris par les enfants lors des Conseils.
On met en place un planning des ateliers, un Conseil de tous pour démarrer et, très vite, ce sont les Conseils des délégués qui aident à avancer.
L’alimentation, les réfugiés, « connexion » et internet… Le thème de l’alimentation s’est imposé parce que nous avions envie d’en parler, mais aussi parce que c’était le thème du festival « Mimouna » auquel nous envisagions de participer en proposant des ateliers, en guise de production intermédiaire.
Pour travailler cette thématique, Cédric a préparé une animation plus longue pour le congé d’automne. Chaque groupe de production (GP) s’est saisi d’une sous-thématique : les pesticides, la pyramide alimentaire et les régimes alimentaires, la mondialisation, les déchets et la médiatisation. Après le festival, nous avons fait une évaluation avec les enfants qui a été envoyée aux responsables. Les enfants n’étaient pas très satisfaits et ils tenaient à le dire. Nous avons eu un retour et nous en parlerons en GP : les responsables du Festival ont salué la démarche et s’engagent à tenir compte de leurs critiques pour la prochaine édition !
Pour la suite, une nouvelle animation est prévue à la demande des GP et une nouvelle production intermédiaire sera préparée avec les enfants pour Carnaval. Nous devons encore décider, mais nous voudrions partir trois jours dans les Ardennes pour continuer le travail, avec des groupes de productions, des Conseils de tous et des délégués. Comme un stage PI ! Un fameux piège à désir pour l’équipe et les jeunes.
Creuser son lit
Les enfants et les adultes grandissent dans cette aventure. Je sens parfois que l’incertitude peut freiner les adultes, la tentation est grande de revenir à d’anciens réflexes de contrôle plus rassurant. Mais les Conseils veillent au grain !
Dans les ateliers pédagogiques personnalisés (APP) où on travaille le soutien scolaire, chaque semaine, il y a un TDR. C’est un moment de mise au point sur le pourquoi on est là ? On rend compte de sa responsabilité d’apprenant et de celle d’animateur du groupe.
Quand l’affichage « Je propose de parler de.. » est rempli, environ toutes les sept semaines, on s’arrête pour réfléchir et prendre des décisions concernant le fonctionnement du groupe : gestion du temps de travail, partage des gouters, utilisation du Time Timer, discuter de la place « isolée » où on travaille seul… Un secrétaire est chargé de mettre au net les décisions du groupe. Un jeune peut demander d’être président. On discute alors de ce que c’est un président, de sa posture, de ses compétences. Le responsable du groupe est un appui.
Ce qui reste compliqué — et heureusement qu’il reste du compliqué… – pour une structure de type école des devoirs en extrascolaire, c’est la gestion du temps. Nous accueillons les enfants toute la semaine, mais sur de courtes durées (1 h 45 par atelier), il faut donc gérer le temps pour ne pas s’éparpiller.
Les liens entre les TDR d’APP et les Conseils des délégués pour les GP ne sont pas encore visibles. Des points qui concerneraient tout le monde ne sont pas encore traités en Conseil de tous. Tous, ça voudrait dire septante jeunes et six adultes, sachant que les trente-cinq enfants et les trente-cinq ados ont des tranches horaires différentes. Prévoir deux Conseils de tous ? Il faudrait alors des affichages pour les points qui concerneraient le fonctionnement plus général de Couleurs Jeunes. Pour le moment, ces points, quand il y en a, sont ramenés par le responsable de groupe au conseil d’équipe qui fait des propositions au GP ou en APP.
Réveiller le collectif
Depuis qu’on travaille en plus grand collectif, deux responsabilités sont essentielles : le délégué et le secrétaire. Le délégué doit se concerter régulièrement avec les autres délégués pour la prise de décision. Je m’occupe des Conseils de déléguées qui sont donc organisés pendant les ateliers. Les délégués ont été mandatés par leur groupe, ils ont un pouvoir de décision lors des Conseils de délégués. Dans son groupe, Cédric a travaillé les compétences du délégué (écouter tout le monde, s’exprimer clairement, savoir prendre des décisions qui respectent, savoir négocier, consigner les décisions, ne pas aller trop vite, sonder le groupe).
La secrétaire est garante de la mémoire du groupe, c’est elle qui prend note de tout ce qui servira à la déléguée pour qu’elle puisse argumenter ou expliquer ses intentions en vue des prises de décisions.
En Conseils de délégués, nous avons déjà mis en débat des points qui concernent tout le monde, comme l’organisation des activités de Toussaint et le programme de nos activités.
Une piste à creuser. En tous cas, les enfants sont preneurs…
