Dans le sport, avoir des coéquipiers plus jeunes et plus vieux, plus forts et moins forts, d’avoir des niveaux de compétence, c’est évident.
Avoir des élèves d’âges différents au sein d’une même classe en maternelle est bénéfique et porteur. Certains parents et des enseignants ne voient pas toujours le travail en verticalité à l’école d’un bon œil. La classe verticale, en regroupant généralement trois années de maternelle, met en place des fondements et permet des stratégies qui conduisent aux apprentissages.
Sans nier les difficultés de travailler et d’enseigner avec vingt-quatre élèves d’âges différents, la verticalité peut être considérée comme un outil d’apprentissage. D’ailleurs, certaines pédagogies actives privilégient ce mode de fonctionnement.
« Madame, je peux lui montrer comment on fait un puzzle ? » et « Madame, je peux l’aider pour mettre son manteau ? », ce sont des exemples de ce qui se passe en classe.
Le pari est de réussir à créer des liens entre les enfants. Les élèves s’observent, se parlent et se disputent. Ils s’entraident, jouent ensemble, partagent. Ils vivent et collaborent plus facilement, car ils se sentent utiles à l’autre.
Si petit que soit un enfant à l’école maternelle, il cherche des responsabilités pour développer son estime de lui. La dimension humaine est augmentée par l’hétérogénéité des âges et des capacités. Plus on est différent, plus les apports de l’autre sont riches. Cette collaboration mène vers un enjeu de taille qu’est la citoyenneté. Vivre ensemble dans le respect de tous. Les plus grands apprennent à tenir compte des plus petits et se souviennent des étapes qu’ils ont dû franchir pour grandir. Les plus petits apprennent à se canaliser et sont baignés dans une vie de classe rythmée par les besoins de chacun. Ils s’approprient plus rapidement la conscience du groupe. Les règles de vie sont maintenues par le groupe et pour le groupe. La coconstruction se vit dans les moments clés d’une journée à l’école. Un enfant qui arrive à l’école pourra mieux comprendre les codes. Par exemple, il n’est pas question de mettre le bazar dans les jeux de la classe sans être immédiatement confronté au regard des autres qui lui expliqueront comment ranger correctement et qui l’aideront même à le faire. S’entraider, peu importe sa place dans le groupe, pour faire fonctionner le groupe. Les enfants sont moins amenés à s’en remettre à l’enseignant.
L’élève est stimulé dans son envie de grandir et de maitriser de nouvelles compétences, car il en voit les finalités. Il comprend pourquoi progresser. Si j’apprends à compter, je pourrai jouer à ce jeu de société et utiliser le dé comme les grands. Si je sais utiliser les ciseaux, je pourrai découper mes photos à mettre dans mon album. Si j’apprends à dessiner, je pourrai écrire mon prénom et créer ma signature !
Mais les plus grands ne sont pas tirés vers le haut ? Ils progressent comme les plus petits. Ils consolident, verbalisent, développent, créent leurs apprentissages et vivent de la fierté tellement nécessaire à leur épanouissement. Ils apprennent à s’exprimer plus clairement pour être compris des plus petits. Les plus grands ont la possibilité de prendre la parole, d’organiser des projets, de choisir, de proposer. Ils sont motivés par les autres et par eux-mêmes. Les plus grands s’émancipent en prenant les rênes de la classe pendant que les petits s’émancipent en prenant leur temps pour grandir et découvrir. L’enseignant dans une classe verticale a la possibilité de s’occuper de chacun de manière plus ajustée. Il a le temps de faire un câlin et de consoler un chagrin, mais il a également le temps d’être plus exigent avec les apprentissages cruciaux.
Il n’est plus question de catégoriser ou de stigmatiser les enfants et leurs apprentissages. C’est dans le groupe et face au groupe que l’enfant prend conscience de ses forces et faiblesses. Les expériences, les manipulations et les tâtonnements divers vont provoquer la curiosité et l’apprentissage. L’élève peut, dans le même espace, à la fois, perfectionner une compétence et la dépasser, et à la fois, retourner vers des besoins plus simples pour se recentrer. L’enseignant doit faire preuve d’un sens accru de l’observation et guider l’élève vers de nouvelles découvertes et identifier des pistes. Il accompagne et suscite l’autonomie qui sera prépondérante dans l’engagement pédagogique des élèves.