À en croire les journaux, Bruxelles est un
des pires endroits pour habiter. On nous
présente certains quartiers de la ville
comme dangereux, comme si on s’y faisait
agresser à chaque coin de rue. En plus, il
y manque de place pour jouer. Les gens
doivent vivre dans des rues insalubres,
jalonnées de saletés.
Vrai ? Pas tout à fait ! Car dans les quartiers
de Bruxelles vivent des gens comme vous
et moi, qui veulent des rues propres, des
terrains de jeux, du sport, un travail…
On peut trouver des dizaines de projets
citoyens, portés par des centaines de bénévoles, pour
apporter des solutions, pour améliorer la vie dans la
capitale. Des solutions qui devraient – soyons honnêtes
– être données par le gouvernement.
Dans les maisons de jeunes de l’ASBL D’Broej, les
jeunes aussi se mobilisent pour apporter leur pierre
dans l’amélioration du quartier. Un de nos premiers projets
citoyens a été réalisé par des jeunes du quartier de
Chicago, entre Yser et Sainte-Catherine, entre le Petit
Château et le théâtre flamand KVS. Il s’agit d’un quartier
frappé par la pauvreté et la prostitution, un quartier
délaissé par la ville et qui risque d’être gentrifiqué.
Un groupe d’ados de la maison de jeunes « Chicago »
s’est lancé dans un projet rêveur. Rêveur, car le projet
avait pour objectif d’apporter un changement positif
« Laisser le fatalisme et
essayer de changer les
choses. »
pour tous les jeunes du quartier. « Comment ça, nous allons
essayer de changer quelque chose ici ? Pas possible ».
Après avoir fait une liste de tous les problèmes et des
rêves, ils se sont mis d’accord
pour se concentrer sur un
problème bien spécifique de
leur quartier : le manque de
place pour jouer.
Plus précisément,
le manque d’un petit
terrain de foot pour en faire
ensemble. « D’accord, on ne peut pas demander un centre
sportif. Mais, installer un terrain de foot doit être faisable.
» Et les jeunes se sont lancés dans l’aventure de la
participation citoyenne.
« Comment pouvons-nous faire pour avoir un terrain
de foot ? » Pas facile de répondre. Les jeunes ont cherché.
Ils ont pris contact avec les responsables politiques.
Pour les convaincre, les jeunes ont fait deux choses. Ils
ont lancé une pétition avec laquelle ils ont fait le tour
du quartier pour expliquer aux habitants pourquoi ils
voulaient un terrain de sport.
Puis, pour vraiment montrer leur détermination aux
échevins : ils ont construit un terrain de foot provisoire.
En plein hiver, nous avons organisé un match amical
entre jeunes et adultes du quartier. Les échevins sont
venus pour donner le coup d’envoi et pour promettre
aux jeunes l’installation d’un vrai terrain de foot. Tout
cela devant les caméras du JT.
Ah oui ! Les politiciens ont promis de construire le
terrain de foot. Donc, avec un groupe d’une dizaine de
jeunes, on a pu obtenir une victoire. En faisant ce projet,
les jeunes ont appris à convaincre, à se convaincre,
à parler pour la télévision, à s’organiser… Ces jeunes qui
sont souvent décrits comme problématiques, comme la
cause de tous les malheurs de Bruxelles, montrent le
bon exemple. Le plus important, c’est qu’ils ont choisi
de se lancer dans une aventure. L’aventure de laisser
derrière eux le fatalisme et d’essayer de changer les
choses. C’est une nouvelle génération de leadeurs positifs
qui a vu le jour.
Cependant, un an après la promesse des politiciens,
les jeunes ne voyaient rien venir. La Ville n’avait rien
construit. Les échevins étaient injoignables lorsque
nous voulions les interroger sur l’état d’avancement des
travaux. Au lieu de laisser tomber, nous avons repris le
projet en main, pour rappeler aux échevins qu’il faut
tenir les promesses faites aux jeunes. Sinon, on risquerait
de semer une génération de jeunes qui pensent que
« Les politiques, c’est tous des menteurs. » Il a fallu une
action médiatique pour relancer le dossier. Mais cette
fois-ci, ça a payé. Les travaux ont effectivement eu lieu.
Des mois plus tard, notre maison de jeunes a pu organiser
une grande fête pour inaugurer le nouveau terrain
de foot. Une grande fête, en présence de beaucoup d’habitants
du quartier, les jeunes…
Depuis, une dizaine de projets citoyens ont été réalisés.
Il s’agit de projets de sensibilisations pour de
meilleures écoles, pour des espaces verts, des quartiers
propres… Des projets qui montrent que la lutte
citoyenne donne des victoires, des projets dans lesquels
se trouvent les citoyens actifs d’aujourd’hui et de demain.