Le founambule

Le founambule, c’est cet enseignant fou d’y croire, de s’y essayer, d’apprendre à y faire.
C’est cet enseignant qui conscient de son rôle d’éducateur est sans cesse sur le fil, à la recherche de l’équilibre.
C’est cet enseignant qui sait, par expérience, que l’équilibre n’existe pas de façon pérenne, qu’il n’est qu’instable et précaire.
C’est cet enseignant dont le centre de gravité est la foi. Ce n’est pas à une religion que je fais référence, mais à l’étymologie des mots, à nos racines culturelles. Non seulement, il a suffisamment confiance en ses capacités pour vivre et travailler avec le vivant, certes brouillon, en train de se faire, mais il a aussi suffisamment confiance en l’éducabilité de ceux qui lui sont confiés.
C’est cet enseignant fort de cette foi qui acceptera la démaitrise, qui acceptera la certitude de ne jamais faire le meilleur choix, mais toujours le moins pire.
Et mesdames et messieurs, voici notre founambule tiraillé entre entendre l’individu qui s’exprime, qui râle, qui met en question, et la nécessité d’œuvrer ensemble, de construire quelques repères communs, de transformer l’attroupement en groupe.
Mesdames et messieurs, voici notre founambule cherchant l’équilibre entre le cadre existant, institué, voire figé, et l’évolution de celui-ci, en vue d’une plus grande adaptation à ce qui est ou qui devrait être ou encore à ce qui advient de façon tout à fait inattendue.
Mesdames et messieurs, voici notre founambule en balance entre le danger, parfois la nécessité de répondre immédiatement, spontanément, et la difficulté, voire la nécessité de prendre le temps de mesurer son propos ou la décision, bref de différer.
Ce founambule ne tient en équilibre que parce qu’il est en mouvement. Il sait que s’arrêter, c’est prendre le risque de tomber. Il sait aussi qu’au lieu de s’arrêter, il est parfois nécessaire de ralentir, d’éviter de se jeter précipitamment. Notre founambule aurait-il lu Aliénation et accélération. Vers une théorie critique de la modernité tardive d’Hartmut Rosa où ce dernier nous incite à penser que l’école pourrait être une oasis de décélération ?
Ce founambule, ce pourrait être Célestin Freinet, Bernard Collot, Janusz Korzack, Aïda Vasquez…
Ce pourrait être vous ou moi.

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