Le SAS ou « se faire confiance »

Le SAS, un lieu passage entre l’école et l’école, pour les jeunes en décrochage.

Un SAS est une structure d’accueil provisoire pour les jeunes de l’enseignement secondaire, en décrochage scolaire ou en situation d’exclusion et dont la prise en charge s’inscrit dans le cadre des articles 30, 31 et 31bis du décret « Discriminations positives » du 30 juin 1998. Les SAS, Services d’Accrochage Scolaire, sont des ASBL, physiquement en dehors de l’École. Ce sont de petites structures, avec un maximum de vingt mineurs accueillis en même temps. Il en existe actuellement treize, répartis sur le territoire de la Communauté française. Les SAS sont subventionnés et dépendent à la fois du Ministère de l’Enseignement et de celui de l’Aide à la jeunesse.

Ils ont pour mission d’apporter une aide sociale, éducative et pédagogique aux jeunes qu’ils accueillent avec comme but un retour vers une structure scolaire ou une structure de formation agréée dans le cadre de l’obligation scolaire. L’équipe, en général pluridisciplinaire, bénéficie d’une liberté pédagogique. Son travail en réseaux est essentiel.
Le public des SAS se compose d’adolescents en âge d’obligation scolaire, qui, pour des raisons d’exclusion ou de décrochage, se trouvent en rupture avec l’école. Âgés de 12 à 18 ans, ils viennent de tous les réseaux de l’enseignement et sont dans une démarche volontaire.

Assurer aux jeunes une réinsertion scolaire durable

Le principe du double mandat ministériel, enseignement et aide à la jeunesse, est la clé de voute de la réussite du projet. Il assure un meilleur crédit auprès des écoles et fixe un cadre de travail avec le jeune et la famille en accord avec le code de déontologie des travailleurs sociaux. Toutefois, chaque SAS présente ou insiste sur des aspects différents en fonction de leur origine de création, enseignement ou aide à la jeunesse. Les milieux urbains ou ruraux présentent aussi des spécificités propres.
Les trois principaux axes de travail, la famille, l’École et le jeune, sont donc développés de façon plus ou moins privilégiée suivant les SAS. L’idée étant de prendre le jeune en compte dans sa globalité scolaire, familiale et sociale, le travail avec la famille est essentiel : la famille du jeune est, en effet, un partenaire incontournable. C’est un soutien indispensable pour l’enfant dans la poursuite de son projet scolaire.

Le lien avec la famille et un travail systémique aident aussi souvent à comprendre la dynamique des jeunes. À fortiori si les familles présentent des symptômes de dysfonctionnement directement en lien avec la difficulté de leurs enfants. Valoriser le comportement des enfants c’est aussi valoriser leur famille.

Il est également fondamental de maintenir un contact avec l’école. Tous les jeunes des SAS connaissent des difficultés avec les apprentissages scolaires, il faut donc profiter de ce moment pour leur apporter une aide plus personnalisée. Si le jeune est inscrit dans une école, le travail scolaire se fait en collaboration avec les enseignants de son école. Ce travail avec l’équipe éducative du jeune est nécessaire pour garantir un retour réussi du jeune dans son école. Le travail des formateurs reste plutôt d’amener le jeune à réfléchir sur le sens de ce travail scolaire.

Se construire un projet de formation

Les formateurs accompagneront ensuite le jeune dans le processus de réintégration dans l’école. Le travail avec le jeune consiste essentiellement à l’aider à se construire un projet de formation, et à l’aider ainsi à transformer ses comportements inadéquats en comportements acceptables par la structure scolaire.

L’accompagnement de chaque jeune est personnalisé avec, en alternance, des moments individuels d’évaluation, d’écoute et de recadrage et des moments de travail en groupe. Le travail individuel est très important pour le jeune qui a besoin d’un lien privilégié à l’adulte, souvent un référent. Il lui faut beaucoup d’écoute et de valorisation. Il a besoin d’être entouré, d’être l’objet de beaucoup d’attentions. Le fait que le formateur représente une image bienveillante et positive pour les jeunes va leur permettre de changer l’image qu’ils ont d’eux-mêmes.

Le maintien de la dimension de groupe est également fondamental en termes de socialisation et d’échanges. Les périodes d’« ateliers » sont pour les jeunes des moments de perception et d’observation de leurs propres fonctionnements dans un groupe. Elles seront à la base d’une analyse des fonctionnements personnels et collectifs et de leurs résonances. Ces observations serviront aussi de matériaux pour travailler avec le jeune son attitude en classe. Dans les activités de groupe, le jeune est amené à adopter des comportements similaires à ceux que l’on attend de lui dans un établissement scolaire.

Les activités en groupe sont aussi l’occasion d’instaurer un cadre fort (règles, sanctions) et un engagement du jeune par rapport à ces règles. D’autre part, l’organisation d’ateliers va permettre au jeune de s’approprier des outils d’expression qui vont l’aider dans la construction de sa propre identité. Ces ateliers vont aider les jeunes à trouver différents moyens d’exprimer positivement leur énergie et à prendre conscience de leurs capacités, de leurs compétences, de leurs fragilités et de leurs limites.

À ces trois axes (la famille, l’École et le jeune), s’ajoute aussi un travail avec des associations, en lien avec les problématiques rencontrées par le jeune (EDD, AMO, SAJ,…). Les liens tissés entre le jeune et ces différents partenaires permettront à celui-ci de se sentir entouré, même après son retour à l’école. Il saura où trouver de l’aide quand un problème surgira et pourra ainsi éviter que la situation ne se dégrade.

Malgré leur grande diversité, trois grands principes semblent communs à tous les SAS : la reconnaissance du statut d’acteur du jeune, un grand temps d’écoute du jeune, et l’élaboration d’un cadre de vie rassurant et précis avec des règles connues et appliquées, par tous les adultes, à tous les jeunes.