« Lettre ouverte aux détracteurs du Pacte d’excellence »

Les signataires de cette carte blanche estiment que nombre de personnes qui s’opposent au Pacte pour un enseignement d’excellence ont toute une série de mobiles qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’intérêt des enfants.

Depuis plusieurs semaines, de nombreuses voix se sont exprimées à propos du pacte d’excellence.
Certaines l’estiment trop libéral, arguant que Mc Kinsey y a joué un rôle, y a instigué des pratiques managériales et inféode l’école aux entreprises. Les mêmes lui reprochant dans le même temps son contraire, soit de vouloir casser l’enseignement technique et qualifiant.
D’autres pensent que le Pacte est « trop peu libéral » parce qu’il voudrait réduire les inégalités et freiner la possibilité d’avoir des écoles qui trient et relèguent les enfants des familles les plus éloignées de l’institution scolaire.
D’autres affirment que les Plans de pilotage et les contrats d’objectifs passés avec les écoles vont les asservir et entraîneront le licenciement d’enseignants au motif qu’ils n’auraient pas atteint les objectifs fixés.
D’autres encore prétendent que faire passer le réseau WB sous la tutelle d’un parastatal revient en fait à privatiser l’enseignement public. Les mêmes font croire que ce réseau va perdre 60 millions qui iraient enrichir le réseau libre.
Mais il y a aussi des responsables politiques de premier plan qui ont eu le courage de lancer le Pacte et qui semblent soudain l’avoir perdu : pas un mot sur le Pacte dans le discours d’investiture du nouveau président du CDH. Pareil pour le PS qui va à la « pêche » aux idées sur l’enseignement au lieu d’expliquer le grand projet qu’il a contribué à mettre sur les rails.
Il y a aussi d’autres politiques qui n’ont pas été associés au Pacte (ce qui était une erreur !) et qui bloquent désormais son avancée en espérant pouvoir en démonter tout ou partie lors de la prochaine législature.
Et c’est sans parler de celle et ceux qui, tous les partis confondus, agitent à nouveau la régionalisation de l’enseignement au moment où des décisions cruciales doivent être prises à l’égard du Pacte, pensé à partir de l’institution communautaire.

Pour une école plus démocratique

Cette situation est préoccupante. Entre silence et attaques, entre fantasmes et désinformations, les dégâts pourraient être considérables.
Car qu’avons-nous appris des échecs des réformes précédentes ?
Que l’école ne peut pas vivre au gré de jeux de positionnement qui brouillent les cartes et ne provoquent pas de vrais progrès L’école a besoin de souffle, de sérénité, de temps.
En quatre ans de travaux autour de la construction de ce fameux « Pacte », des milliers d’heures de réflexion collective ont été consenties par des centaines d’acteurs de toute nature, qui ont engendré 350 pages de réformes articulées et phasées sur 15 ans. Il a ceci d’inédit qu’il est arrivé à dégager un accord équilibré et ambitieux entre les réseaux/P.O., les syndicats, les fédérations de parents, accord soutenu par les deux familles politiques au pouvoir mais aussi par des organisations et institutions comme les nôtres qui n’ont pas d’intérêt direct dans l’école : pas d’intérêt autre que la rendre meilleure pour tous les enfants et, par là, plus démocratique.
Prendre le chemin du changement

Le Pacte n’est pas parfait mais il n’y a pas de réformes parfaites : le Pacte est et sera ce que les enseignants en feront. Et il y a encore beaucoup d’espace et de combats à mener au sein de l’application de ces mesures, pour qu’elles ne soient pas détournées, vidées de leur sens ou instrumentalisées. Le risque existe. Tout changement comporte des risques. Mais la seule façon de les contrer est d’investir positivement ces mesures et d’être vigilants sur ce qu’elles vont produire. Pour qu’elles ne se passent pas sur le dos des enseignants ni, une fois de plus, sur le dos des enfants de milieux populaires. Il n’y a pas d’autres chemins : il faut oser bouger, prendre le chemin difficile du changement. C’est vrai pour les enseignants, les parents et l’ensemble des professionnels de l’école.

De l’enthousiasme

Parlons plutôt des mille écoles, celles dans lesquelles mille directeurs et des milliers d’enseignants qui sont en train de se retourner sur le fonctionnement de leur école, sur ce qu’il produit de bon et de moins bon et d’accepter de s’interroger sur ce qu’ils pourraient changer dans leur façon d’enseigner pour améliorer l’apprentissage de leurs élèves. Ecoutons-les et réjouissons-nous des échos qui remontent du terrain : évidemment, c’est lourd et c’est compliqué mais ce qu’ils disent, c’est que ça refait enfin du sens et donc, que ça suscite de l’enthousiasme !
Mille autres écoles vont bientôt démarrer le même exercice d’analyse et de rédaction de leur plan de pilotage. Plan de pilotage qui, selon le prescrit, doit se construire en recueillant également le regard des élèves de l’école et de leurs parents.
Plan de pilotage qui doit construire le chemin et rassembler les moyens pour que chaque école de notre système scolaire puisse progresser à son rythme et relever sa part des deux défis centraux du Pacte : l’amélioration de la qualité de l’enseignement conjuguée à la réduction des inégalités scolaires engendrées par son fonctionnement. Le tout, sans nivellement par le bas.

Un besoin de soutien sur le terrain

La 1re phase de transformation en profondeur de l’école est donc en marche.
Tous ceux qui la portent sur le terrain ont besoin de tout notre soutien et de toute notre attention pour arriver à transformer notre système scolaire malade en un nouveau projet fort, commun à toutes les écoles, un projet cohérent, qui redonne du sens à apprendre et à enseigner.
Respect et merci à tous ceux et celles – enseignants, directions et autres acteurs – qui sont en train de s’y investir.