Manuel et TBI : mariage heureux ?

Certains manuels scolaires proposent maintenant une version numérique pour votre tableau blanc interactif. Argument de vente : cela va vous faciliter la vie…

Comme me disait une collègue qui avait assisté à une séance d’information d’un manuel dont nous tairons le nom : on nous prend vraiment pour des cons ou des pourris ! Peut-être, mais ça marche, puisque ces manuels étendent leur expansion commerciale.
Imaginons que le manuel soit un bon outil pédagogique et qu’il soit bien conçu. C’est une hypothèse que nous ne discuterons pas ici, ce n’en est pas le lieu. Imaginons encore que la version numérique de ce manuel, réalisée pour le tableau blanc, soit propre, claire et attrayante. Les critères qui en font l’intérêt et l’attractivité ne sont pas débattus dans cet article dont ce n’est pas l’objet. Imaginons donc que toutes les conditions soient réunies pour un usage réussi… Quel usage, direz-vous ? Oui, c’est bien là que la question se trouve et je ne peux y faire écho qu’à partir de ce que j’ai observé.
Comme on n’est jamais sûr de ce qu’on voit et qu’on n’est jamais à l’abri de loupes déformantes que ses propres yeux auraient adoptées en dépit des précautions scientifiques nécessaires, je rédigerai la suite au conditionnel.

In et actif

Si les élèves sont placés en rangs d’ognons, de poireaux, de laitues ou de navets… Si le maitre fait face à la classe avec le tableau blanc dans son dos et qu’il formule une question qui est inscrite sur le tableau derrière lui. Si un certain temps de réflexion, quelques minutes, est laissé aux apprentis pour chercher, se faire une idée et émettre une proposition. Si l’enseignant sollicite le groupe puis donne la parole à un des jeunes pour lui faire énoncer sa solution. Si cet enseignant valide ou non la réponse, qu’il en sollicite éventuellement une autre puis qu’il clique avec son stylo sur le tableau blanc pour faire apparaitre la bonne réponse. Si l’élève recopie alors dans son manuel et dans l’espace pointillé prévu à cet effet, ce qu’il lit au tableau…
Si les différents items s’enchainent de cette façon et que la théorie s’écrit pas à pas. Si des exercices suivent et qu’ils sont faits en partie en classe, en partie à domicile. Si les corrections apparaissent sur le tableau blanc en cours de résolution ou au cours suivant…
Si tout cela est fait, alors le professeur a bien géré le temps, a vu complètement le programme et les notes des élèves sont claires, peut-être même soignées pour peu que ces derniers y aient mis l’attention requise.
Et si tout cela est fait, de cours en cours, on peut constater que l’enseignement prodigué n’est ni « in » ni « actif » parce qu’il pousse les élèves à des comportements inactifs sachant qu’ils ont vite compris que les questions sont fermées, que leur recherche est bien trop courte pour être personnelle et quelque peu fouillée, que leur participation est limitée et que la bonne réponse va de toute façon tomber, comme par magie, d’un petit clic sur le tableau blanc qui porte à ce moment bien mal son nom…  