Marre d’entendre et de lire les jérémiades anti-Pacte

Marre d’entendre et de lire les jérémiades anti-Pacte sur les réseaux sociaux ou dans les cartes blanches ! Trop facile de clamer que le Pacte n’est pas une baguette magique et qu’il n’a pas créé du jour au lendemain les changements radicaux que chacun souhaite ! Les sarcasmes sont faciles d’autant qu’ils permettent de se mettre à l’abri, de s’attirer les sympathies en disant qu’on l’avait bien dit et en se réjouissant de chaque obstacle rencontré, chaque faille qui subsiste et de chaque difficulté rencontrée. Et ça se termine toujours avec les mêmes démagogues propos qui consistent à réclamer qu’on écoute « le terrain »…

Mais qu’est-ce que ça veut dire « écouter le terrain » ? C’est d’abord commencer par ne pas se prendre pour « le terrain » à soi tout seul ! Ça élimine déjà un gros paquet de râleurs qui ne sont solidaires que d’eux-mêmes. Ça signifie ensuite de choisir quel côté du « terrain » on soutient. Pour nous, la lutte contre les inégalités scolaires est une urgence et le statu quo n’est pas une option. Je viens encore d’en perdre quelques-uns. Bien sûr que les changements ne se décrètent pas d’en haut, mais cela signifie que, quand ils arrivent sur le terrain, il faut s’en emparer et ne pas les laisser à nos ennemis. C’est ça « écouter le terrain » !

Les changements d’une part s’implantent peu à peu et d’autre part ont besoin d’un cadre qui les rend possibles. L’espace qui rend le changement possible a augmenté avec le Pacte, dans le travail collaboratif, dans les plans de pilotage et avec les moyens du tronc commun. Mais évidemment, il se gagnera sur le terrain contre ce que les petits chefs veulent en faire et contre tous ceux qui s’accrocheront aux privilèges que le système inégalitaire leur octroie. Se former, se battre, créer des rapports de force, améliorer les conditions de travail, c’est ça l’action syndicale. C’est possible grâce aux Plans de Pilotage, les enseignants peuvent enfin y dire collectivement ce qu’il y a lieu de faire dans leur école. Mais ça ne se fera pas partout dès les premiers plans. Par exemple : Enseignants des écoles privilégiées solidaires des écoles de pauvres via les plans de pilotage ? Voilà un bel objectif syndical ! Mais que va dire « le terrain » ? Jusqu’à quand des enseignants accepteront-ils de cautionner les stratégies de sélection relégation des écoles dans lesquelles ils travaillent ? C’est possible via les Plans de Pilotage ! Ça reste cependant un combat… collectif dans lequel les syndicats peuvent agir.
Des changements considérables sont aussi possibles avec la mise en oeuvre du Tronc commun, mais c’est un changement d’une ampleur telle pour le métier qu’il faudra du temps et du soutien. Pas facile, mais l’espace existe et la réforme se donne le temps et les moyens (formations, moyens pour l’Accompagnement Personnalisé, le FLA, etc.). Et les syndicats peuvent ici aussi agir pour obtenir les bonnes conditions de travail et suffisamment de moyens et s’il le faut des réformes complémentaires. Qui a dit qu’on avait renoncé à s’en prendre au quasi-marché ?

Les syndicats se sont battus pour faire évoluer les textes du Pacte et continueront à le faire. Qui est prêt à faire grève contre l’évaluation sanction, sans démagogie et en mettant bien en perspective pourquoi l’évaluation sanction est un obstacle à la réussite du Pacte ?

Décréter est nécessaire pour créer l’espace qui rend le changement possible, mais c’est la cohérence systémique des décrets qui garantit l’espace de changement et ce combat là n’est pas terminé, le Pacte est encore en cours et ce qui vient sera encore un combat à mener dans les structures. L’appareil syndical a du boulot et continue à le faire avec des résultats non négligeables. Mais c’est aussi en occupant ces espaces de changement et en y menant des combats locaux que sur le terrain, on créera la réalité du changement. L’appareil syndical rend aussi possible l’action collective sur le terrain et continue à le faire avec des résultats non négligeables. Sinon on peut aussi dire « c’est trop injuste », ou « je vous l’avais bien dit », et continuer à râler dans son coin ou dans un groupe Facebook !
Combien de like ?