Le 9 mai, des représentants du CDh, de DEFI, d’ECOLO, du MR, du PS et du PTB ont répondu aux questions de l’équipe politique de CGé sur leur vision pour l’école dans les cinq années à venir.
Qu’avons-nous lu dans leurs programmes politiques[1]Analyse des programmes des partis politiques concernant l’école sur https://www.changement-egalite.be/Analyse-des-programmes-politiques et entendu ce soir-là ?
Impression que ça bouge, mais qu’il y a encore des ambigüités à lever dans tous les programmes politiques. Tous parlent d’augmenter la qualité et la réussite scolaire, ça ne mange pas de pain, mais ça peut n’être suivi d’aucun effet.
Certains d’entre eux mentionnent le Pacte et d’autres non ! Alors qu’il est là, énorme dans le décor, avec ses trois-cent-cinquante pages de mesures articulées et planifiées sur quinze ans. Il faudra de la cohérence et de la continuité sur trois législatures pour qu’il commence à produire réellement ses effets.
À notre sens, il y a des mesures qui ne vont pas assez loin : la formation continuée des enseignants, les mesures de régulation des inscriptions et de déségrégation pour en finir avec les écoles ghettos, le soutien au changement dans les écoles les plus en difficultés ou encore la transformation des bâtiments scolaires pour mettre en œuvre le tronc commun polytechnique.
Les politiques ont dû nous trouver butés et anxieux à CGé, mais nous ne sommes toujours pas convaincus qu’ils soient tous d’accord avec cet autre projet de société pour l’enseignement obligatoire[2]Jusqu’à 15 ans à ce stade.. Arrêter de trier, de sélectionner et de reléguer les élèves pour confier aux écoles et aux enseignants la mission que tous acquièrent un socle commun de savoirs et de compétences. Pas surs non plus qu’ils soient tous bien conscients de ce que cela implique.
Si c’est bien le projet de société qu’ils sont prêts à porter, alors, il va falloir qu’ils assument — face à leurs électeurs — d’agir contre la concurrence scolaire, contre l’énergie et les moyens que les établissements scolaires mettent à se distinguer les uns des autres, et aussi contre le tri actif ou passif du public scolaire, car c’est incompatible avec la mise en œuvre d’un tronc commun. Et ils le savent : auprès d’une grande partie de leur électorat, introduire plus de régulation des inscriptions et chercher à faire réellement école commune fait peur et n’a pas bonne presse.
Sur ce point, aucun parti n’est clair ni explicite, sauf le MR qui rappelle son opposition au tronc commun, au nom du respect de l’envie profonde qu’auraient un grand nombre de jeunes de milieux populaires de s’orienter dès douze ans vers l’enseignement professionnel. Cela équivaut pour nous à renoncer d’emblée à toute ambition scolaire ou sociale pour ces enfants et à maquiller en choix ce qui est, aujourd’hui, une orientation forcée pour une écrasante majorité de jeunes dont l’enseignement général ne veut plus.
Ce dont l’école et les enseignants ont besoin, c’est d’un projet politique clair et assumé. Assumé dans le temps, sachant que le temps du politique — cinq ans pour une législature — n’est pas le temps de l’école — quinze ans pour modifier réellement notre système scolaire.
Besoin d’un projet qui se décline en une mission claire qui fasse sens pour eux.
Besoin d’un projet qui donne aux enseignants les moyens de ses ambitions : les moyens pédagogiques en temps et en formation continuée, au sein même de la classe, mais aussi les moyens financiers et matériels.
Besoin que soient portées, à tous les niveaux, les valeurs nécessaires à la mise en œuvre de ce projet.
Réformer réellement l’école appelle donc à un exercice inédit en miroir :
Notes de bas de page
↑1 | Analyse des programmes des partis politiques concernant l’école sur https://www.changement-egalite.be/Analyse-des-programmes-politiques |
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↑2 | Jusqu’à 15 ans à ce stade. |