Niveaux de fonctionnement d’un groupe à projet (Les)

Tout groupe fonctionne simultanément à trois niveaux : le niveau de production, le niveau des procédures et le niveau socioaffectif. En effet, il est impossible pour un groupe à projet de ne pas produire puisque c’est son but, impossible de produire sans en même temps résoudre des problèmes liés à la manière de faire pour produire en interdisant à ses membres d’avoir des émotions, des sentiments les uns vis-à-vis des autres et vis-à-vis de la vie du groupe.
Pour un groupe à projet, le niveau de production est bien sûr le plus important. Pour un groupe de théâtre amateur par exemple, il s’agit d’abord de jouer une pièce : l’essentiel du temps du groupe doit donc être consacré aux répétitions ! Dans ce niveau de production, il y a donc les actes productifs (répéter, jouer) qui doivent être les plus importants. Et pour la production, les membres peuvent faire des propositions de contenus (je propose qu’on joue du Pagnol… je propose que Jean dans la scène 4 fasse son entrée plus rapidement…)
Mais la production n’est possible que si on est d’accord sur la manière de faire. On ne pourra jouer la pièce que si on est d’accord sur le jour des répétitions ! Le niveau des procédures est donc important lui aussi. Il y a donc les procédures elles-mêmes (deux répétitions de deux heures par semaine/les trois premières fois avec le texte en mains puis les fois suivantes de mémoire…) et les propositions de facilitation (je propose que la prochaine fois, on répète toute la pièce d’un coup sans s’arrêter, je propose qu’à la répétition prochaine, on fasse venir un metteur en scène formé pour nous donner des conseils…)
Enfin, la production n’est possible qu’avec une entente minimum du groupe. On ne pourra pas jouer la pièce si la petite copine de Roméo laisse tomber son second rôle parce qu’elle est jalouse de Juliette. Le niveau socioaffectif est donc aussi important. Il est nécessaire que chacun ait sa place reconnue dans le groupe. Il y a les affects et l’expression des affects (les humeurs et les sentiments exprimés ou non, plaisanteries pour détendre l’atmosphère, râleries ou railleries qui la tendent au contraire…) et les propositions de régulation (je propose qu’après la répétition, on aille tous prendre un verre, je demande que Juliette s’engage à ne plus faire la coquette avec Roméo en dehors des scènes où elle doit le faire…)
Pour un groupe à projet scolaire, le niveau de production est évidemment important sinon pourquoi se mettre en groupe de production, mais le niveau des procédures est encore plus important puisque c’est le travail sur les procédures qu’on retiendra et qu’on pourra réutiliser plus tard. Il est donc logique que dans ce type de groupe, on « perde » un peu de temps (mais pas trop !) pour discuter des manières de faire et pour les évaluer.
La grande difficulté pour les groupes est d’arriver à la fois à maintenir co-existants les 3 niveaux de fonctionnement, c’est-à-dire de n’interdire, de n’évacuer aucun des trois niveaux, de permettre l’existence de chacun et à la fois bien dissocier chaque niveau et empêcher chaque niveau de polluer les autres. Cela veut dire qu’une stricte autodiscipline de groupe est importante. Quand on a décidé de produire, on produit et on ne se met pas à rediscuter la manière de faire et on ne se met pas à s’engueuler ou à rigoler. Quand on a décidé de réfléchir sur la manière de travailler, on y consacre le temps nécessaire et on ne reproche pas continuellement au groupe de ne pas se mettre au travail. Et quand on a décidé de réguler, on ne continue pas à travailler à côté des autres pour montrer que nous au moins on bosse !
d’après Dynamique de groupes

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