En moyenne, des résultats moyens mais trop de jeunes en situation critique[1]Plus d’informations sur les résultats belges et internationaux de PISA 2003 peuvent être trouvées sur le site PISA 2003. Un rapport présentant en détail les résultats obtenus en … Continue reading
Quelques résultats concernant la culture mathématique des jeunes de quinze ans en Communauté française de Belgique.
Bien loin des problèmes de robinets, de trains qui se croisent ou d’églises à placer au milieu du village, l’enquête internationale PISA évalue un ensemble de compétences jugées essentielles pour l’avenir des jeunes de quinze ans.
Dans le domaine des mathématiques, il s’agit principalement de problèmes impliquant des quantités, des relations, des concepts spatiaux et probabilistes. Une autre particularité de l’étude par rapport à d’autres enquêtes à large échelle est qu’elle ne s’intéresse pas à un niveau scolaire particulier, mais concerne tous les jeunes de quinze ans, où qu’ils en soient dans leur parcours scolaire.
C’est donc dans une perspective résolument citoyenne que PISA se définit : les mathématiques évaluées sont celles issues de la vie de tous les jours, elles concernent donc tout un chacun, et non seulement une partie de la population, une élite, qui se destinerait à poursuivre des études dans le domaine des mathématiques ou des sciences…
En mathématiques le score de la Communauté française de Belgique à PISA 2003 est à la hauteur de la moyenne des pays de l’OCDE, et d’une vingtaine d’autres pays parmi lesquels figurent notamment la Suisse, la France, l’Allemagne, l’Autriche et le Luxembourg.
Il s’agit d’affiner ce premier constat en examinant la disparité des résultats au sein des différents pays participants. Certains pays parviennent à resserrer la fourchette de résultats, de sorte à ce qu’une majorité des jeunes parvient à résoudre la plupart des problèmes de niveaux simples ou intermédiaires. En Communauté française, comme l’indique le tableau 1 ci-dessous, la situation est assez « dispersée » puisqu’une proportion non négligeable d’élèves se situe à chacun des niveaux de l’échelle.
Globalement (colonne 2 du tableau), une proportion assez importante d’élèves (16 %) est capable de bonnes – voire de très bonnes – performances en mathématiques dans PISA, un groupe nombreux (61 %) réalise des performances moyennes et un groupe non seulement non négligeable (23 %), mais aussi un peu plus important qu’ailleurs si l’on se réfère à la moyenne des pays de l’OCDE, n’atteint pas le niveau de compétences considéré comme élémentaire.
Par filière et par année scolaire (colonne 3 à 6), la situation est encore bien plus contrastée : ceux n’ayant pas connu l’échec scolaire et fréquentant une filière de transition font preuve d’une maîtrise importante des concepts mathématiques qui leur sont proposés. En revanche, plus on se déplace vers la gauche du tableau, plus la situation devient préoccupante… Et on en arrive, en troisième année de la filière qualifiante, à constater qu’une moitié des élèves ne parvient pas à résoudre avec succès les situations les plus élémentaires des épreuves (ils n’atteignent pas le niveau 2), et constituent un réel groupe à risque : effectuer en contexte une opération arithmétique élémentaire, résoudre un petit problème de proportionnalité directe, appréhender une situation peu familière en appliquant des stratégies d’essais-erreurs, décoder un petit texte, un schéma, développer une réflexion critique et argumentée… sont autant de défis que ces jeunes ne parviennent pas à relever pleinement.
Cette situation, bien que choquante, est loin d’être un scoop : ces jeunes sont souvent inscrits dans cette filière qualifiante après une année au moins d’échec scolaire, et souvent plusieurs années d’échecs répétés dans les matières de base et en particulier en mathématiques…
S’intéresser, d’un point de vue didactique, à l’amélioration des compétences mathématiques des jeunes de l’enseignement professionnel est une priorité. Un projet de recherche[2]Cette recherche, actuellement menée une équipe de chercheurs du Service de pédagogie expérimentale (Demonty, Vlassis), s’intitule L’enseignement des mathématiques en troisième et … Continue reading est actuellement en cours et vise à élaborer, en collaboration étroite avec des enseignants de troisième et quatrième années de l’enseignement professionnel, des situations d’apprentissage destinées à exploiter ces notions mathématiques élémentaires dans des contextes proches de la vie réelle et professionnelle auxquelles ces jeunes se destinent.
Envisager parallèlement des modifications structurelles de l’enseignement, qui rencontreraient l’adhésion des différents acteurs de l’enseignement, pourrait également porter ses fruits.
PISA montre qu’il est possible, et c’est notamment le cas en Finlande, de combiner efficacité et équité du système éducatif. Parallèlement, l’analyse des tendances qui se dégagent entre les enquêtes menées en 2000 et en 2003 ont amené à constater un bon en avant remarquable en Pologne qui, en 1999, a mis en place une réforme importante de l’enseignement, en agissant au cœur même des structures de l’école et en proposant des réformes de fond visant à réduire le caractère inéquitable du système éducatif[3]Plus d’informations sur cette vaste réforme peuvent être obtenues en consultant le site SCADPlus : Pologne . Même s’il n’est nullement question ici de recettes miracles qui consisteraient à implanter chez nous des solutions qui semblent être efficaces ailleurs, ce constat ne peut qu’interpeller devant la possibilité d’une évolution de notre enseignement vers plus d’efficacité pour tous (plus d’équité), quel que soit le parcours personnel ou scolaire…
Notes de bas de page
↑1 | Plus d’informations sur les résultats belges et internationaux de PISA 2003 peuvent être trouvées sur le site PISA 2003. Un rapport présentant en détail les résultats obtenus en Communauté française et ailleurs (Cahiers du Service de Pédagogie expérimentale, 19-20). |
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↑2 | Cette recherche, actuellement menée une équipe de chercheurs du Service de pédagogie expérimentale (Demonty, Vlassis), s’intitule L’enseignement des mathématiques en troisième et quatrième années de l’enseignement professionnel. Elle est commanditée par l’Administration Générale de l’Enseignement et de la Recherche Scientifique (Réseau Communauté française). |
↑3 | Plus d’informations sur cette vaste réforme peuvent être obtenues en consultant le site SCADPlus : Pologne |