Plus fortes à deux

Lelia et Élena sont amies depuis la maternelle. L’année passée, elles arrivent en secondaire et se retrouvent isolées, à distance, à devoir travailler pour l’école. Voici les difficultés qu’elles ont rencontrées et l’organisation qu’elles ont mise en place pour y pallier.

Au début du confinement, on s’envoyait des SMS. On s’était fait un planning de travail chacune de notre côté, mais on avait du mal à le tenir. Ensuite, une de nos mamans nous a suggéré de nous faire des appels vidéos, ce serait moins cher si on se mettait sur WhatsApp ou Skype et comme ça on pourrait se voir.

Vers neuf heures, lorsqu’on avait fini de déjeuner, on se mettait au travail en choisissant français ou math ou géo…

À deux dans une bulle

On travaillait individuellement. On ne se parlait pas en permanence, mais on restait connectées et quand on avait une question, on se la posait. Parfois, d’autres copines s’ajoutaient lorsqu’elles rencontraient des difficultés. On se faisait une pause pour manger et on se reconnectait ensuite jusqu’à environ seize, dix-sept heures. On travaillait, mais on se faisait aussi des petites pauses pour bavarder.

« Quand on avait une question, on se la posait. »

Même si nos parents étaient à la maison, ils étaient en télétravail et pas disponibles pour nous. Nos frères et sœurs étaient, eux aussi, avec du boulot, car certains devaient passer des examens, d’autres avaient des cours en ligne avec leur école néerlandophone. On travaillait surtout dans nos chambres, car sinon on se gênait avec nos discussions. Ça faisait des échos. Parfois, le wifi plantait. Et puis, il fallait partager, car même si on a plusieurs ordis, on n’en a pas un par personne.

Se trouver des fonctionnements

Ce que l’école attendait de nous n’était pas si compliqué, c’était essentiellement des révisions de ce qu’on avait déjà vu en primaire. Mais ce n’était pas simple non plus, surtout lorsque nous devions réaliser des travaux créatifs. Pas évident de trouver les idées. Je me souviens qu’on nous avait demandé de réaliser une ligne du temps de trois mètres, pas simple de coller toutes les feuilles. Nous, ça allait encore, car nous avions le matériel pour la faire à la maison, mais je ne sais pas si c’était le cas pour tout le monde.

Au début, je recevais les travaux sur internet, mais j’avais du mal à m’y retrouver dans toutes les pages, sans compter que parfois le logiciel buggait. Quand une personne écrivait sur le groupe classe, ses modifications apparaissaient chez tout le monde. Il aurait fallu copier le lien, le remettre dans un nouveau fichier, c’était du chipotage. Alors, puisqu’on a une imprimante, ma mère a tout mis en format papier.

Moi aussi, j’ai rencontré des difficultés, confirme Elena, surtout quand il fallait faire des diagrammes en math! Alors, on a décidé (puisque notre imprimante n’avait plus d’encre) de venir chercher les travaux autonomes à l’école et, parfois, nous les recevions par la poste.

Le plus dur n’était pas de les recevoir, mais de les renvoyer! Pour certains cours, il y avait des correctifs en ligne, mais je ne savais plus trop s’il fallait les corriger nous-mêmes ou les renvoyer : les consignes n’étaient pas assez claires. Je crois qu’on pouvait choisir, mais voilà… Et puis, le jour où il a fallu rendre tous les travaux depuis le début du confinement, c’était la galère! Tous les élèves venaient déposer leur paquet de dix centimètres de feuilles, du coup, c’était impossible! Je pense qu’il y a bien dû y avoir la moitié qui se sont perdue en chemin.