Un élève autonome est capable d’agir par lui-même pour répondre à ses besoins. Cela suppose que, d’une part, il reconnait ses acquis antérieurs et que, d’autre part, il sait en tenir compte dans ses actions.
Qu’est-ce que je fais dans ma classe pour aider les enfants à se connaitre du point de vue scolaire ? J’ai réfléchi sur le vécu de l’évaluation que je voulais comme une étape de conscientisation plutôt que d’exclusion et/ou de compéti-tion.
Nous terminons chaque activité par une courte évaluation de ce qui s’est vécu tant du point de vue de la matière que du point de vue de la méthode ou du relationnel. Je prends note au tableau des demandes qui sont extraites de cette courte évaluation. Quand nous abordons l’activité demandée, je commence par demander pourquoi nous avions mis ce sujet au tableau. Les enfants mettent du lien entre la leçon qui va être donnée et les étapes antérieures qui l’ont suscitée.
Insérer tableau
Quand l’enfant prend conscience qu’il a acquis quelque chose de nouveau, il peut montrer ce qu’il connait spontanément ou, s’ils sont plusieurs, je leur propose de rédi-ger une synthèse de ce qu’ils connaissent à ce moment de leur apprentissage. Ils re-copient cette synthèse dans leur référentiel. Ces savoirs deviennent alors des acquis collectifs que chacun maitrise plus ou moins bien. Quand nous commençons une acti-vité d’exercices, je demande : « Qui a des problèmes pour cette matière ? » puis « Qui est fort dans cette matière ? » « Qui veut bien devenir assistant pour cette période ? » Les élèves lèvent le doigt. Pendant l’activité, chacun sait qui il peut aider, qui peut les aider, qui n’a pas envie qu’on le dérange… J’ai l’impression à ces moments de travailler dans une ruche bourdonnante d’échanges dans un climat serein.
Par ailleurs, nous construisons ensemble des grilles d’évaluation dans le cadre des activités d’exposé, de présentation de livre, de récitation. Ainsi, l’enfant qui établit lui-même les objectifs qui vont être évalués prend conscience du comment faire pour… Par exemple : chaque semaine, un élève présente à la classe un livre qu’il a lu ou un exposé qu’il a préparé le mardi après-midi en classe. À la fin de la présentation, nous relevons les points forts du travail proposé et nous choisissons ensemble un de ces points qui deviendra un critère d’évaluation pour le prochain travail. Puis nous donnons des points au travail présenté en fonction des critères déjà existants, en répondant par oui ou non à chaque critère. De semaine en semaine, la grille se construit. Les élèves savent sur quels critères objectifs ils seront évalués. Et, en fin d’année, les élèves se retrouvent avec un outil de référence complet.
Enfin, nous utilisons des points et il arrive, parfois, que des enfants comparent leurs résultats ou expriment leur mal-être. J’arrête alors l’activité en cours et nous consa-crons un temps de discussion sur le ressenti de chacun : le besoin de se sentir fort, le besoin d’être reconnu, le mal-être d’avoir échoué, le sentiment d’impuissance… Res-sentis qui se trouvent légitimés par l’expression et pour lesquels nous cherchons en-semble des solutions.
À travers ces différents moments d’évaluations ou d’échanges, outre mon suivi des enfants et leurs prises de conscience, je voudrais que les enfants soient capables d’an-ticiper l’effort qui leur sera demandé lors des diverses activités. Pour cette raison parti-culièrement, je scinde clairement les différents types d’activités proposées à propos d’un même savoir : les activités de découverte, les leçons de variations, la rédaction d’une synthèse, l’évaluation, les activités de remédiation, d’avancement, d’exercisation dirigée en leçon ou individualisée en fiches…
Nous avons, dans un coin de la classe accessible aisément par tous, une étagère sur laquelle sont classés divers outils de référence : dictionnaires variés, Lexique Mathé-matique de Base, Bled, Atlas divers, Eurêka, Becherelle de Conjugaison, Ma Première Grammaire Française….
Régulièrement nous apprenons ensemble à utiliser les différents outils : comparaison de définition dans les différents dictionnaires, lecture de cartes dans les atlas, com-ment lire un sommaire, un index, comment est organisée une page du Becherelle…
J’ai aussi construit un référentiel en math et un en français, dans lesquels sont seule-ment indiqués les titres et sous-titres. Ce référentiel est complété au fur et à mesure des activités de synthèses.
Quand un enfant me pose une question et que je sais qu’il peut trouver la réponse dans un des outils de référence, je lui réponds TOUJOURS : « Où pourrais-tu trouver la réponse sans moi ? » Je félicite l’enfant qui arrive à me citer l’outil de référence adé-quat et j’accepte de donner une aide ponctuelle à celui qui ne trouve pas l’information qu’il cherche… manière d’individualiser l’apprentissage en réponse à un besoin réel… sans jamais faire de remarque négative… Le TOUJOURS et le JAMAIS sont un idéal que j’essaie d’atteindre et qui malgré mes failles… me permettent de rester cohérente majoritairement. C’est très important, car c’est parce que je leur donne le temps d’inté-grer, leur donne le droit d’exister sans moi, leur donne les outils pour s’en sortir seuls, que ces outils deviennent des porteurs d’autonomie.