Le parti pris de cette étude est d’observer l’institution scolaire à partir des acteurs qui la composent (élèves, enseignants, direction, personnel administratif et d’entretien, pouvoir organisateur, parents, Communauté française) et des relations hiérarchiques que ceux-ci entretiennent entre eux. Pourquoi ce choix ? Tout d’abord parce qu’il permet de penser l’Ecole sans occulter les rapports de pouvoir qui la traversent. Ensuite parce que c’est à chaque « étage » que les acteurs de l’Ecole sont concernés et devraient construire des pratiques plus démocratiques, si on veut atteindre des changements significatifs. Trop souvent, la question de la participation dans les écoles est réduite à l’organisation des élèves et des classes. Les adultes éprouvent des difficultés à s’organiser entre eux et pensent rarement qu’il leur faut se mettre eux aussi au travail afin de se construire en tant qu’interlocuteur collectif vis-à-vis des autres classes institutionnelles de leur école.
Un autre parti pris, plus essentiel encore, est de ne pas limiter l’investigation au développement de pratiques démocratiques dans les écoles. La dualisation toujours plus grande de l’enseignement nous force à élargir le débat : il faut dire et redire que l’École ne sera jamais démocratique tant qu’elle reproduira, sans se remettre en question, les inégalités de la société. En effet, l’École d’aujourd’hui semble plus préoccupée à fabriquer des élites qu’à donner à chacun les savoirs de base qui lui permettront de se construire en tant que citoyen et de se forger une place dans la société. Il n’est donc plus possible d’aborder la question de la démocratie sans la replacer vigoureusement dans une perspective d’égalité. Parmi les conflits d’intérêts propres à notre société, des choix doivent être faits si on veut éviter que l’écart ne se creuse toujours plus entre classes dominantes et dominées. Et l’École peut jouer un rôle privilégié dans l’avènement d’une société plus égalitaire, à condition que ses acteurs en fassent le choix, chacun à la place qu’il y occupe.
– Introduction
– Hiérarchie et participation – Danielle Mouraux (encadré)
– Démocraties de classes – Noëlle De Smet
– Apprendre à représenter, apprendre à déléguer, apprendre à négocier – Joël Bosch
– Des problèmes révélateurs d’un déficit démocratique – Anne Chevalier
– L’école et les familles : rencontre possible de spécialistes de l’éducation – Danielle Mouraux
– Peut-on éduquer à la citoyenneté en Communauté française – Rudy Wattiez
– Le décret, un outil de démocratie – Danielle Mouraux (encadré)
– Démocratie à l’école : résistances, obstacles et ouvertures dans la société –
Jacques Liesenborghs
Les chapitres rendent compte d’expériences de terrain et d’analyses à différents niveaux de l’institution :
• le professeur dans sa classe. Dans l’article Démocraties de classes, Noëlle De Smet montre comment elle travaille avec ses élèves afin qu’elles donnent une forme recevable et bien adressée à leurs revendications.
• les directions d’école et les équipes éducatives face aux élèves de l’école. Le texte Apprendre à représenter, apprendre à déléguer, apprendre à négocier de Joël Bosch décrit une nouvelle manière d’établir des relations adultes/jeunes dans son école grâce au dispositif de réunions de classes et de conseils de délégués.
• les directions d’école face aux équipes éducatives. Dans le texte Des problèmes révélateurs d’un déficit démocratique, Anne Chevalier expose des dispositifs de formation d’équipes éducatives et leur développement sur le terrain, et précise comment ces formations répondent à des demandes d’équipes en difficulté, en déplaçant la question des relations interpersonnelles vers l’analyse de l’institution.
• les directions d’école et les équipes éducatives face aux parents. Dans l’article L’école et les familles : rencontre possible de spécialistes de l’éducation, Danielle Mouraux montre comment on peut travailler les malentendus et mésententes entre parents et enseignants grâce à une plongée sous la surface et une analyse fine des relations École/famille, qui redéfinit les spécificités de chacun.
• la Communauté française en tant qu’organisateur de l’enseignement. Peut-on éduquer à la citoyenneté à l’École en Communauté française de Rudy Wattiez repart des décrets promulgués en Communauté française et observe en quoi ceux-ci sont porteurs ou non d’un plus en matière de citoyenneté et de démocratie.
• la société face à l’École. Le texte Démocratie à l’école : résistances, obstacles et ouvertures dans la société de Jacques Liesenborghs replace le questionnement dans le contexte de la société et identifie les principaux obstacles à la démocratisation de l’enseignement.
• les élèves dans leurs pratiques de participation sont présents dans l’article École et participation : des chiffres ! (publié en annexe de cette étude) dans lequel Danielle Mouraux présente les résultats d’une enquête réalisée auprès des jeunes de 10 à 18 ans par l’Observatoire de l’Enfance.
L’étude complète était disponible en ligne de décembre 2007 à juin 2008. Elle est disponible en version papier sous le titre “Pratiques démocratiques à l’école”, Charleroi : Éditions Couleur livres, 2008 (collection L’école au quotidien).
Avec le soutien du Service de l’Éducation Permanente, Direction Générale de la Culture de la Communauté Française.