Quand j’ai été l’une des têtes d’une hydre de Lerne sympathique… Quatorze têtes pour cette hydre sympathique : il s’agissait, le temps d’un weekend, de réfléchir à plusieurs têtes sur « Limites et butées ».
On pourrait caractériser le dispositif mis en place par les animateurs de machine à faire penser à plusieurs.
Traces…
• Lire des traces (articles, expériences) sur le sujet avant l’ouverture du weekend pour entrer dans la question et explorer un bout de son espace.
• Produire une trace pour commencer et donner quelque chose de soi aux autres et recevoir leur trace : à partir des lectures proposées, chacun a produit une affiche, un relevé de phrases qui l’ont frappé(e) dans les lectures, les a interprétées en dessin, en textes, en collages, etc. Bonne entrée directe dans le jeu de l’écriture et de la rencontre.
• Continuer en produisant tout au long du weekend des bouts d’écriture, car écrire, c’est réfléchir autrement puis proposer ces bouts à la réflexion des autres.
• Produire une réflexion dans l’espace : produire une affiche à plusieurs en petit groupe. Ne croyez pas la chose aisée : occuper l’espace de la feuille à 4 ou 5, ça ne se fait pas tout de go. On écrit où ? On commence par quoi ? On a déjà une organisation de la feuille en vue ou non ? Non, alors on commence par quoi et par qui ? Et on ajoute où ?
• Ajouter sa trace à une affiche commune au grand groupe : on mêle sa pensée à celle des autres. Le groupe prend forme, la pensée se moire des reflets de chacun.
• Produire un tableau final tous ensemble, qui ramasse les expériences vécues, l’aboutissement des réflexions des uns et des autres… Pas si simple non plus. D’ailleurs, on est arrivés à deux tableaux différents et incompatibles. On ne pense pas tous de la même démarche…
• Aboutir, à la fin du weekend, au sommaire du prochain numéro du journal TRACeS… c’est la feinte finale. Les animateurs sont ravis. Ils ont de nouveau réussi leur coup !
Croiser
• Croiser pour se rencontrer : d’entrée de jeu, chacun au hasard interroge un autre sur la première trace offerte à partir des prélectures. On se croise directement sur le sujet.
• Croiser pour se décentrer : à chaque étape du weekend, chacun écrit un récit extrait de sa vie professionnelle et le donne à lire à un petit groupe qui renvoie ses réflexions à l’écrivant.
• Se croiser pour disposer de toutes les expériences du groupe. Le groupe n’est jamais le même. Ainsi, au fur et à mesure que les journées se déroulent, j’échangerai des réflexions avec chacun des participants, c’est-à-dire avec à chaque fois une histoire différente, une autre pensée en train de s’élaborer sur le sujet. Cette technique permet de disposer pour creuser le problème de toutes les expériences du groupe : au moins quatorze points de vue différents ; c’est un très honorable panel pour assoir une pensée.
• Croiser des sensibilités : comme chacun est parti de son passé et a choisi un souvenir personnel, les sensibilités sont mises à vif et on touche au cœur des personnes et dans un grand respect. La question posée s’enrichit ainsi d’émotions et fait aller au-delà d’échecs ou de questions qui taraudent.
• Croiser des modes de réflexion différents : à partir de ces expériences se dessinent des convergences, des divergences, des classements, des listes et aussi on rencontre des façons de poser les choses, de les appréhender différemment.
Réfléchir
• Réfléchir à partir de sa petite expérience. On est un professionnel avec sa propre histoire, à partie de sa propre histoire. La prendre en compte permet de la dépasser ou de la digérer.
• Réfléchir à partir des expériences des autres : le même sujet vécu de façon si différente nuance, modifie, enrichit la pensée.
• Réfléchir en petits groupes, jamais le même : à la rencontre d’autres démarches de pensée.
• Réfléchir à partir de la singularité d’un récit personnel et aboutir à réfléchir sur les notions en jeu ce weekend.
• Réfléchir dans le grand groupe : confronter des parcours, des aboutissements complètement différents sur ce même point et creuser plus avant pour trouver ce qui unit ou désunit : une pensée en vrille qui s’enfonce.
Centrer/décentrer
Se centrer sur soi. Se décentrer de soi. Se rassembler avec d’autres. Diverger au maximum, partir au loin… et puis chercher à creuser le plus possible en rassemblant toutes ces divergences pour aller le plus loin possible.
Démarche euristique sur les limites et les butées dont je cherche les limites et les butées ; pour l’heure point de nouvelles.
