Moins salué sans doute que l’arrivée du Beaujolais nouveau, le nouveau centre de santé à l’école est arrivé !
La plupart des ex-centres de santé scolaire consacrait beaucoup de temps et d’énergie à des activités de médecine préventive (dépistage, visite médicale périodique, contrôle de la vue, de l’ouïe, contrôle des poux, vaccinations, contrôle des maladies transmissibles…). Dorénavant, avec le Décret 2001 instituant les centres de Promotion de la Santé à l’École – les PSE -, 25 % du travail des professionnels de santé scolaire doit être consacré à des activités de promotion de la santé.
Qu’est ce que ca change ?
Et d’abord c’est quoi la promotion de la santé ?
En gros, c’est un concept, développé au fil du temps, qui englobe à la fois l’éducation sanitaire de nos grands-mères, l’éducation pour la santé, et la démarche consistant à rendre les gens plus acteurs de leur santé sur le plan individuel et collectif. Les actions vont chercher à rendre les élèves et le personnel de l’école plus capables d’agir sur les facteurs déterminants de la santé et à créer des environnements favorables à la santé collective.
Demander aux infirmières scolaires et aux médecins d’être les facilitateurs de projets de promotion de la santé dans l’école, alors qu’ils étaient habitués davantage à intervenir dans une logique de prévention au sein de leur centre de santé, c’est une sorte de chamboulement dans les manières de travailler. Nécessité dorénavant de baser les projets sur les besoins santé des élèves, de susciter des partenariats avec les parents, de construire un projet santé par école avec l’avis du Conseil de participation , de travailler en équipe au soutien de ce projet ou encore d’aller animer des séances dans une classe selon les besoins.
Pour travailler en articulant la logique de prévention avec la logique de promotion de la santé, une part du personnel des PSE doit suivre, depuis 2002, une formation de 10 jours et la transmettre au reste de l’équipe afin de se préparer à mener les actions prévues par le Décret. À la clef de l’échéancier, l’établissement en 2005 d’un projet santé dans chaque école, projet qui sera élaboré après avis du Conseil de participation, intégré au projet d’établissement et faisant partie d’une convention-cadre signée pour 3 ans entre l’école et le centre PSE, ex-IMS ou IMS-PMS pour la C.F.
Pour plusieurs centres, la philosophie de la promotion de la santé a déjà bien imprégné le travail des équipes qui menaient déjà des projets de « rénovation » dans leur pratique de médecine scolaire. Citons comme exemples la visite médicale ou encore la campagne anti-poux. Chacune peut être préparée et prétexte à des activités et des projets autour de la santé en classe et/ou avec les parents ; le tout concocté par l’enseignant, l’équipe PSE et d’autres partenaires éventuels.
Côté école, cela fait belle lurette que des enseignants mènent des actions qui, directement ou indirectement, peuvent influencer les comportements de santé des élèves. Plusieurs matières apportent des savoirs utiles pour d’éventuels choix favorables à la santé. Une des premières tâches pour les centres PSE consiste donc à faire un « relevé » de ce qui a été fait ou est en cours sur initiative de l’école et des partenaires de l’école (association de parents, centre PMS, Conseil de participation, associations diverses), porteurs de projets comme les « Midis à l’école », « Pour une école en développement durable », « Moi, toi, nous », « À table les cartables », etc.
Quel sera dès lors leur apport ?
La localisation des PSE en dehors de l’école et leur regard de professionnels de la santé leur permettra d’interroger les projets ou les actions planifiées dans l’école, et avec elle de les analyser et d’établir la correspondance avec les besoins de santé des élèves. La question centrale sera d’examiner ensemble avec les partenaires impliqués – ou à impliquer – si la manière de s’y prendre, les résultats, l’action en elle-même, vont amener les élèves à être plus capables de faire des choix favorables à leur santé, que ce soit pour demain ou dans un avenir lointain.
L’amélioration de la santé peut par exemple passer par un aménagement des lieux de vie, un meilleur équilibre alimentaire des repas scolaires, démarrer la journée avec un petit déjeuner, un travail sur le respect ou l’estime de soi, etc. Quels que soient l’action, le projet, la question a son intérêt pour réajuster les bonnes volontés.
Finalement, les choses vont-elles vraiment changer avec ce décret ? Au cours des formations, plusieurs infirmières revendiquent le fait qu’elles faisaient déjà tout cela. Mais en creusant un peu, la question du « est-ce que ce que je fais ou ce que je mets en place rend les élèves plus aptes, plus capables d’être acteurs-auteurs de leur santé » reste souvent sans réponse. Par ailleurs, la manière de faire sera différente selon l’école, la classe, les besoins santé des élèves et la connaissance qu’on en a.
C’est en articulant la réflexion autour de cette question de base, préalable à la mise en place de tout projet, que l’action de promouvoir la santé à l’école se concrétisera davantage. Les praticiens – qu’ils soient médecin, infirmière, enseignant, éducateur, parent, direction – peuvent, chacun à leur manière, contribuer à cette réflexion collective et amener des idées. Le Conseil de participation peut être un forum de débats sur ces questions. Dans le Décret, son rôle d’avis est clairement indiqué.
Ce processus est déjà expérimenté notamment dans le cadre de l’opération « À table les cartables » : les membres sont invités à discuter de leur volonté d’adhérer à la Charte « À l’école d’une alimentation saine » et à pointer des priorités thématiques pour l’école et dans les classes volontaires. Dans le projet « Midis à l’école », ce sont les enseignants et leur classe qui décident de construire un projet pour améliorer les midis à l’école en le conjugant avec les priorités d’apprentissage.
L’information en circulant mieux dans l’école, entre collègues, valorisera toutes ces réalisations et de ce fait, les rencontres avec le personnel des PSE en contrat avec l’école seront d’autant plus riches et profitables : les uns ne devront pas refaire le monde « santé » comme si rien n’était en cours dans les écoles et pourront s’appuyer sur ces bases pour élaborer un projet « santé » collectif avec l’école ; les autres pourront faire valoir et échanger leurs expériences d’action et de projets menés dans leur classe tout en profitant de points de vue de professionnels formés à la promotion de la santé.
Facile – pas facile ?
Il n’y a pas de recettes standard pour favoriser des choix de comportements plus sains et augmenter la capacité des élèves, petits et grands, à faire des choix plus favorables à la santé.
Il y a surtout beaucoup de bon sens à utiliser et d’écoute… des élèves. Côté adultes, il y a une nécessaire reconnaissance à établir entre partenaires et de la bonne volonté de coopération entre adultes éducateurs (parents, enseignants, professionnels de santé). Et enfin, il y a les moyens… sachant qu’on les trouve plus facilement ensemble et en utilisant les ressources humaines et associatives existantes et actives dans le domaine de la promotion de la santé. De nombreux projets communautaires ou locaux existent en effet et sont à la portée des écoles et des centres PSE car subisidés par la Communauté française. Ceci dit, les partenaires sont souvent plus faciles à trouver que le temps de concertation et d’échanges nécessaire à ce travail de conception collective pour la santé et le bien-être des élèves… et des enseignants. L’enjeu, le défi et le plaisir de coopérer en rassemblant les points de vue et les compétences diverses méritent qu’on y consacre du temps.