Quand on ne sait plus quoi faire

Après vingt ans d’enseignement en pri- maire et quinze années de pratique de la PI, Isabelle Robin se retrouve en classe mater- nelle, avec des petits et des tout-petits. Elle y découvre des enfants qui manquent de repères, frappants, mordants, criants, qui semblent dans la provocation permanente. Les incidents s’en- chainent, la gestion du groupe est éprouvante. Elle a l’impression de ne plus savoir faire. La question est pour elle : comment instaurer des interdits qui structurent ?

Le stade du « non » qui caractérise cette étape du développement est aussi celui de l’en- trée dans le langage. Elle fait l’hypothèse que le Conseil de coopérative est possible même avec des tout-petits, installe un « Quoi de neuf ? », distribue des responsabilités. Mais que faire quand les règles établies au Conseil ne sont pas respectées ? Quelles sanctions donner en ma- ternelle quand le rappel de la règle et la mise à l’écart ne suffisent pas ? Elle va alors mettre en place la monnaie. Et ça fonctionne, même avec des enfants qui ne savent pas encore compter ! Les institutions qu’elle met en place vont aider à la fois à construire des limites et à dévelop- per le langage. Le climat de la classe s’apaise, les enfants grandissent et les apprentissages suivent.

Ce récit fait assister à la métamorphose d’une classe, passant du « chaos » initial à un monde vivant et organisé grâce aux règles de vie décidées ensemble au Conseil. Il parle de lois, de langage, de désirs. Il montre l’adapta- tion réussie des pratiques de la pédagogie ins- titutionnelle en maternelle. Il alterne quelques rappels théoriques avec des moments de classe racontés à la manière de courtes monographies. Il donne envie d’essayer…

Isabelle Robin, L’entrée dans la Loi dans une classe maternelle. Comment poser des limites qui structurent à l’âge de l’opposition ?, éd. RoPi, 2013.