Si on prend la question par le bout du référentiel sciences humaines : qu’est-ce que l’école va prendre en compte parmi les enjeux contemporains ?
Que va-t-on donner à nos enfants comme connaissances, non pas pour leur dire quoi penser mais pour les aider à comprendre et évoluer dans le monde actuel ?
D’abord, que va-t-on leur enseigner pour qu’ils puissent s’y retrouver dans l’évolution incertaine et conflictuelle de l’information qui forme nos représentations du monde ? Pour qu’ils puissent distinguer ce qui est vrai, juste, à qui se fier, comment et pourquoi ?
Et ces savoirs et compétences vont leur être indispensables pour comprendre et se positionner par rapport aux enjeux de société cruciaux suivants :
• L’évolution incertaine et conflictuelle du climat et du monde, c’est-à-dire de nos modes de consommation et de production et donc du concept de développement durable (ou comment concilier fin de mois et fin du monde) ;
• L’évolution incertaine et conflictuelle des rapports sociaux entre catégories sociales, culturelles, économiques, concurrentes, entre capital et travail (ou comment concilier intérêts particuliers et bien commun et comment garantir une répartition équitable ?) ;
• L’évolution incertaine et conflictuelle de notre forme de démocratie (comment décider ensemble pour garantir à la fois plus d’égalité et plus de liberté ?) ;
• L’évolution incertaine et conflictuelle des rapports entre modes de penser et d’agir différents (ou comment concilier identité et diversité, communautés et société ?).
Si nous nous retournons sur notre scolarité, certains d’entre nous diront qu’ils ont eu au cours de leur cursus d’enseignement obligatoire un ou plusieurs enseignants qui les ont initiés à ce type de questions. D’autres n’ont pas croisé ces profils d’enseignants et se souviennent plutôt d’apprentissages consistant en la transmission de savoirs peu contextualisés, peu en prise avec leur réalité, qui n’avaient pas vraiment de sens et que cela suscitait de l’ennui.
Comment faire en sorte que tous les enfants, quels que soient leur milieu, leur famille ou la sensibilité de leurs enseignants, soient formés à de telles questions ? En coulant l’apprentissage des savoirs nécessaires à la compréhension de ces enjeux dans les référentiels.
Et cela nécessite évidemment aussi que les enseignants se sentent équipés pour transmettre ces savoirs.
Est-ce cela que nous voulons et dont notre société a besoin ?
Si oui, il va falloir être attentifs à ce que ce chantier de définition des référentiels ne soit pas laissé qu’aux mains des professionnels de l’enseignement. Pas parce qu’on se méfie, mais parce que ce chantier ne peut pas reposer que sur eux : il leur appartient de trouver les moyens pédagogiques de la mise en œuvre de tels objectifs d’apprentissage, mais pas de se retrouver seuls à les définir. Notre système scolaire ne prévoit pas actuellement que l’exercice d’écriture des référentiels soit ouvert à des acteurs sociaux externes au monde de l’enseignement. Ne faudrait-il pas le prévoir à court ou moyen terme ?
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