Réformer la formation initiale ne suffira pas pour supprimer les inégalités scolaires

À la lecture de la note d’orientation concernant la formation initiale des enseignants du ministre Marcourt, ChanGements pour l’égalité (CGé) se réjouit et s’inquiète. On note la volonté d’une refondation et d’une valorisation de la formation des enseignants de tous les niveaux de l’enseignement obligatoire. Par contre, les perspectives présentées ne garantissent pas la mise en œuvre d’une culture commune à tous les acteurs en vue de lutter contre les inégalités scolaires.

CGé souscrit aux axes proposés par le ministre Marcourt : un renforcement et une articulation de la formation initiale et continue dans une structure unifiée et sur base d’une redéfinition des métiers de l’enseignement et des contenus de formation. À l’intérieur de ces changements structurels forts, CGé attend de nouveaux contenus et des méthodes adéquates afin de donner aux professionnels des compétences pointues et une culture commune dans les domaines suivants :

• une capacité de décentration et de prise en compte des rapports aux savoirs, à l’école et aux apprentissages, d’enfants issus de milieux divers et principalement des milieux populaires,

• la compréhension et l’analyse critique du système scolaire dans toutes ses composantes afin de faire des enseignants des acteurs institutionnels éclairés et porteurs d’un même projet,

• un haut niveau de maîtrise des contenus disciplinaires et de leurs didactiques afin de pouvoir accompagner tous les élèves dans les apprentissages.

De plus, la réforme ne pourra réellement aboutir que si les formateurs montrent explicitement et implicitement en formation ce qu’ils voudraient que leurs étudiants fassent avec leurs élèves.

Toutefois, former autrement les enseignants ne suffira pas à changer l’École et à réduire le redoublement. Il faut, en parallèle, mettre en place une structure scolaire qui conduise tous les jeunes, à travers un tronc commun de la maternelle jusqu’à 15 ans, à la maîtrise des socles de compétences indispensables à la vie en société, avant une orientation spécifique.

En attendant la mise en place de cette réforme de la formation initiale, il est urgent de mobiliser, dès aujourd’hui, des moyens financiers et humains au service de l’entrée dans le métier d’une part et de la formation continue de tous les acteurs éducatifs en charge de l’accompagnement et de la formation des enseignants et futurs enseignants, d’autre part.

Pour relever ces défis, CGé attend des ministres de l’Enseignement obligatoire et de l’Enseignement supérieur qu’ils travaillent de concert avec le soutien de tous les autres acteurs politiques et éducatifs
Pour approfondir la réflexion, vous pouvez consulter nos analyses sur la question :

Quels enseignants pour lutter contre les inégalités ?

Au-delà de l’évaluation de la formation initiale

Continuum pédagogique ou tronc commun ?

Paru dans le Soir du mercredi 2 janvier 2013