Pendant la période COVID, une mesure prise par la commune a suscité une réaction forte et intense des parents de l’école de mes enfants, et aussi de parents d’autres écoles de ce réseau communal.
Déjà pendant la première vague de la pandémie, de mars à juin 2020, les écoles gérées par ce PO n’ont été ouvertes que pour deux matinées par semaine et par classe, alors que dans d’autres réseaux et communes l’horaire complet avait été repris.
Se replonger dans la période COVID, plus précisément dans la deuxième vague, celle d’octobre à décembre 2020, c’est faire ressurgir toute une série de sentiments d’injustice et d’impuissance, mais aussi des souvenirs de solidarité et de petits actes de résistance qui ont vu le jour à ce moment..
Le 9 novembre 2020, les parents recevaient une note terminée par cette phrase : « Les enfants de maternelles et de primaires dont un ou les deux parents ne travaillent pas, doivent être repris à 12 h 20 et ramenés à 13 h 40… ».
Comme c’est souvent le cas dans cette commune, même en dehors des périodes de crise, les associations de parents ne sont à aucun moment contactées en amont par rapport aux décisions. Immédiatement, parmi les parents, sur les forums de discussion et à l’extérieur de l’école, la mesure est apparue comme complètement absurde et injuste.
À la suite de constats accablants — des enfants ont arrêté de fréquenter l’école ou des familles étaient obligées de manger dans leur voiture ou sur un banc — les parents se sont organisés et ont décidé, en quelques jours, d’envoyer un appel aux responsables communaux.
Leur message était de rappeler que l’une des fonctions de l’école, d’autant plus en période de crise, c’était d’accueillir les enfants, sans discrimination et à fortiori ceux qui vivaient déjà des situations difficiles chez eux.
En deux matinées, 171 signatures ont été récoltées et l’interpellation envoyée aux responsables communaux, dans l’espoir de créer une rencontre qui aboutirait à une prise en compte de l’expérience des premiers concernés. À sa grande stupéfaction, l’association de parents a reçu, après quelques jours, la réponse du bourgmestre. Et quelques heures plus tard celle de l’échevin responsable. Absolument aucune vraie réponse. Ils ne semblaient pas accorder beaucoup d’importance aux questions soulevées. Pour eux, « Il ne s’agit pas d’une mesure discriminatoire. (…) « D’autres écoles ont complètement fermé toutes les activités périscolaires accueil. » et encore, ils nous répondaient qu’ils « comprennent l’émotion ».
Face à ce peu de prise en considération, les parents ont décidé de ne pas rester sans agir. Ils ont contacté et informé non seulement les associations locales, mais aussi des parents d’autres écoles communales. En effet, seules cinq écoles de ce réseau communal ont des associations de parents d’élèves, et peu de choses sont faites pour encourager et soutenir leur engagement. Par exemple, là où les associations de parents d’élèves d’autres réseaux ou communes disposent de locaux pour se réunir, dans notre commune les réunions se font dans les salles de classe et la demande doit être acceptée au préalable par le Collège communal.
Les parents ont lancé des appels publics pour faire bouger la situation, ce qui a permis de faire avancer les choses et a suscité une réaction de l’opposition. Lors du conseil communal de décembre, le chef de file du groupe d’opposition PTB a interpelé l’échevin. Face à l’intensification de la mobilisation et malgré une certaine résistance de la commune, à admettre son erreur, la mesure a finalement été revue. L’obligation a été transformée en une simple demande aux parents à partir de janvier, et ceux qui rencontreraient des difficultés à respecter cette règle pourraient laisser leurs enfants à l’école. À noter que de nombreuses écoles du réseau communal n’ont pas été informées de ce changement.
La force des parents de cette école, ils l’ont puisée dans leur unité et leur solidarité. Malgré les contraintes imposées par la pandémie, ils ont réussi à se rassembler, à partager leurs préoccupations et à agir collectivement pour défendre les droits de leurs enfants. Leur détermination et leur capacité à se soutenir mutuellement ont été des facteurs clés de réussite.
De plus, la mobilisation a été renforcée par la prise de conscience des injustices et des difficultés vécues par les familles les plus vulnérables. Les parents ont été témoins des conséquences néfastes de la mesure sur les enfants et les familles qui se trouvaient déjà dans des situations difficiles. Cette prise de conscience a suscité un sentiment d’urgence et une volonté de faire entendre leur voix.
Cependant, il est important de reconnaitre et de rappeler les autres obstacles auxquels sont confrontés les parents, dans d’autres contextes. Tout d’abord, l’absence de communication et de consultation de la part des institutions. Ensuite, les inégalités structurelles. En effet, les ressources et le soutien aux associations de parents s’avèrent souvent insuffisants, ce qui rend plus difficiles l’organisation et la coordination des informations et des actions. Ces deux réalités sont souvent présentes dans les quartiers populaires. Elles limitent les possibilités d’implication. De plus, les parents issus de milieux défavorisés peuvent être confrontés à des contraintes économiques et logistiques qui limitent leur participation et leur engagement.
En conclusion, la mobilisation des parents de cette école pendant la période COVID-19 a été un exemple inspirant de résistance et de solidarité. Un changement culturel et une plus grande implication des parents dans les décisions scolaires sont nécessaires pour garantir des systèmes éducatifs plus égalitaires et émancipateurs pour tous les enfants, quel que soit leur milieu social.