Pour une solide préparation professionnelle…
L’examen de qualification remonte (au moins) à l’Arrêté royal portant règlement général des études dans l’enseignement technique secondaire, du 1er juillet 1957. Il prévoit un « examen final » comme épreuve qui sanctionne les études techniques et professionnelles. L’Arrêté stipule que le jury de cette épreuve est composé de professeurs de l’établissement et de membres externes compétents dans les branches qui font l’objet de l’examen.
Aujourd’hui
Aujourd’hui, l’expérience nous apprend que l’examen de qualification est de moins en moins présenté par ceux-ci.
Deux facteurs expliquent, selon moi, cet état de fait. Le premier provient de ce que l’épreuve est devenue facultative (ce qui n’était sans doute pas le cas à l’origine). Le second est que, pour les élèves du technique et du professionnel, l’enjeu est l’obtention du Certificat d’Enseignement Secondaire Supérieur (CESS), plus que la formation professionnelle et sa certification. En bref, comme les élèves restent plus longtemps à l’école et comme un nombre sans cesse croissant envisage (à tort ou à raison) des études supérieures, c’est l’enseignement général qui devient la norme de référence, même dans l’enseignement technique et professionnel. C’est donc le diplôme de fin de secondaire qui les intéresse. Ce constat des gens du terrain est corroboré par les études des sociologues qui insistent sur la transformation des visées des jeunes de l’enseignement technique et professionnel, qui se perçoivent d’abord comme des lycéens et puis, éventuellement, comme des futurs travailleurs.
L’avenir du Certificat de Qualification
Face à la perte de sens et à la désaffectation dont est victime le Certificat de Qualification (CQ), deux stratégies sont possibles : sa suppression ou sa revalorisation. Il me parait évident qu’à la suite des travaux de la Commission Communautaire des Professions et des Qualifications et du Décret sur les Missions de l’école qui définit la filière de qualification en priorité par la préparation professionnelle, il faut adopter la seconde voie.
Quel pourrait être le nouveau CQ ? Tout d’abord, il faut tenir compte des leçons du passé : le CQ ne peut pas faire double emploi avec le CESS. Il doit avoir une identité propre. Ensuite, il faut prendre acte que la formation professionnelle est la dimension principale de la formation donnée dans l’enseignement technique et professionnel. Il faut donc valoriser cette dernière et le CQ peut être un instrument de reconnaissance sociale de l’importance de la qualification. Les conclusions suivantes s’imposent donc assez logiquement.
Le CQ est le titre qui sanctionne la réussite de la qualification professionnelle, autrement dit les cours de l’option groupée. Dès lors, il n’y aurait pas d’autre évaluation finale des cours techniques et pratiques. Ce serait donc un titre à part entière qui pourrait être reconnu sur le marché du travail, puisqu’il est en rapport direct avec une qualification professionnelle (profil de qualification élaboré en concertation avec les employeurs).
Le CESS ne serait délivré que moyennant la réussite du CQ d’une part, des cours de la formation commune, d’autre part. Ces derniers seraient évalués selon les procédures habituelles. Donc, un élève ne pourrait obtenir son CESS que s’il a réussi sa qualification. Mais un élève pourrait aussi ne réussir que sa qualification.
L’organisation de ce nouveau CQ
Dès lors, le CQ ne pourrait être obtenu par la seule réussite d’une épreuve unique de qualification en fin de 6e, qui ne couvre qu’une partie des compétences du « profil de formation » traduit dans le programme, même si l’épreuve se présente sous une forme riche et complexe. Cette dernière se déroule d’ailleurs dans des conditions exceptionnelles susceptibles de stresser et inhiber certains élèves et compromettre ainsi la réussite de leurs études.
Cependant, une telle épreuve, avec sa théâtralisation, peut être aussi formatrice. Il ne faudrait donc pas supprimer les épreuves simulant des situations professionnelles réelles, mais les combiner avec d’autres évaluations. De plus, il faut y préparer les élèves, car il n’y a aucune raison de ne pas familiariser à cet examen, en procédant à des « épreuves en blanc » par exemple, alors qu’on admet qu’il est de mauvaise pédagogie d’évaluer un élève par un test totalement différent de ce qu’il a connu avant.
Les autres dimensions du CQ seraient la réussite des stages en entreprise, quand ils existent, et la réussite de tests vérifiant la maitrise des autres compétences terminales répertoriées dans les programmes de chacun des cours. Cette évaluation se ferait dans l’esprit des compétences s’exerçant dans une situation d’intégration. Nous retrouvons ici la technique du « porfolio » qui est la mémoire et l’attestation des compétences partielles d’un individu en cours de formation.
Le jury chargé d’évaluer l’épreuve de qualification devrait associer des professionnels. Mais pas n’importe comment, comme c’est souvent le cas actuellement. Les spécialistes du métier devraient disposer d’une connaissance du terrain dans sa diversité, donc bien au-delà de l’expérience souvent limitée à leur propre entreprise. L’école devrait encore leur fournir un référentiel clair de ce que doit vérifier l’épreuve, auquel seraient associés des critères standardisés. Au fond, pourquoi ne pas imaginer un lieu, externe à l’école et commun à tous les établissements, chargé d’effectuer cette évaluation, un peu comme pour le permis de conduire ?