Rituels pour apprivoiser les passages ? (Des)

J’ai eu envie de vous livrer quelques idées qui me sont venues sur ce sujet passionnant des rituels. Sensible à la chose pour des raisons diverses, entre autres parce que certains exercices que je fais pratiquer aux élèves de l’Atelier-théâtre reposent sur la prise de conscience que nous pratiquons tous des rituels quotidiens : ensemble de gestes et de mots enchaînés toujours dans le même ordre, avec la même apparente inutilité, avec cependant la même obstination à les répéter, comme si leur caractère indispensable nous échappait, obéissant à quelque force incontrôlée (l’Inconscient ? Le grand Babu ?)… Ainsi, quand nous préparons le petit déjeuner, ou encore quand nous prenons notre douche ou que nous entrons seul dans le bureau avant de travailler… quand nous allons coucher un enfant, visiter un malade, boire un coup avec le même collègue chaque mardi… Un point commun à ces moments : le passage d’une séquence de vie à une autre. Il y a l’avant et l’après. La peur de ce qui va arriver, la nécessaire adaptation à une nouvelle situation, la préparation. Le rituel est un sas entre le jour et la nuit, entre le repos et le travail, entre la solitude et la relation, entre l’indifférent et l’important… Parmi les rituels qui me paraissent importants (ils le sont tous, mais peut-être le maître se doit-il d’en soigner particulièrement quelques-uns…) l’ouverture et la fermeture de la séquence de travail, l’ouverture et la fermeture du conseil. Dans ces cas, de quoi se constitue le rituel ? En quoi puis-je y apporter ma patte et y consacrer du soin ? Chacun répond de sa place, en conscience. Marquer le temps, marquer l’importance des lieux, de la parole ; pas nouveau ? bien sûr, mais sans cesse érodé par la lassitude, la décontraction, la déconcentration. Solennité : qui dit rite dit sacré. Bien que fermement mécréant, je pense que le sacré fait partie de l’humaine culture. Je crois utile d’en user avec pertinence. Réveiller en soi le sens du sacré pour le relier aux événements qui sont à nos yeux les plus importants : ceci peut passer par un ensemble de conduites élaborées en accord avec la symbolique que nous nous sommes construite ensemble. Tradition dont les sources remontent à… ? Les grands anciens. Ceux de la P.I. ont transmis des maître-mots, des techniques, de manières de faire, des tours de main, des marottes. Ils les tenaient d’autres ancêtres, etc… En user sans complexe, mais avec le respect dû aux choses qui nous échappent un peu, sans toujours être bien certain de tout comprendre. C’est même plus efficace encore quand on laisse venir sans comprendre. Dernière remarque : le rituel inclut, et enchante le corps. Il installe une mémoire kinesthésique qui donne à l’esprit une dimension plus globale, libérée (l’habitude évite d’avoir à penser aux gestes), mais également très pleine de sensations tactiles, musculaires. Incorporer le présent pour devenir disponible, tous neurones mobilisés. Le rituel : en corps! Et encore!…

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