Et il y a gros à parier que ce qui sortira de ce diagnostic, c’est que ces écoles ne sont pas le problème : elles sont le symptôme, la conséquence du fonctionnement de notre système scolaire qui sélectionne et qui relègue. Et que ce fonctionnement perdurera :
• tant que la mission explicite attribuée à l’enseignement obligatoire ne sera pas de donner un bagage de connaissances et de compétences pour tous, en immunisant une période pendant laquelle on apprend sereinement et en repoussant l’entrée dans la compétition au-delà de cette période,
• tant qu’on acceptera, au nom de la sacrosainte liberté de choix constitutionnelle, que les parents trient les écoles et que les écoles trient discrètement leurs élèves [1]Voir à ce sujet le reportage édifiant d’Infor-Jeunes Laeken https://youtu.be/LhiSMAst2fY
)) en produisant alors des écoles ghettos, plutôt que réunir les conditions d’un enseignement de qualité partout[2]Est-ce un scoop ? les parents de milieux populaires veulent AUSSI une bonne école pour leurs enfants !,
• tant que les formateurs d’enseignants ne les formeront pas à faire entrer tous les enfants dans les apprentissages, y compris ceux qui ne sont pas dans les codes de l’école au départ,
• tant qu’on n’investira pas massivement dans l’enseignement maternel et primaire : période-clé où se joue l’entrée dans les apprentissages et donc la réussite scolaire.
Repenser le projet d’école en terme collectif nécessite :
• que les réseaux acceptent de collaborer en ouvrant le jeu et en partageant leurs compétences,
• que les enseignants et leurs syndicats acceptent de consacrer le temps nécessaire au travail collectif au sein des écoles pour pouvoir s’épauler dans la gestion pédagogique des difficultés,
• que les parents acceptent qu’une bonne école est une école qui fait réussir tous les enfants, et pas celle qui élimine ceux qui ne peuvent pas suivre,
• que les élèves puissent découvrir dans leur classe qu’on réussit mieux avec les autres que contre les autres,
en osant poser un regard sur les pratiques pédagogiques au sein de classes qui sont le lieu où se rejouent les inégalités quotidiennement, en posant des choix structurels forts en faveur de l’hétérogénéité des écoles et en valorisant clairement les écoles qui emmènent tous leurs élèves jusqu’au bout du parcours.
Nous proposons donc aux acteurs de ces écoles de se saisir de cette mesure d’encadrement des écoles en difficultés : de ne pas se laisser coincer dans une mission impossible tout en prenant leur part de responsabilité à leur niveau pour faire bouger le système : pour le rendre plus ambitieux et plus respectueux des enfants de milieux populaires et des enseignants qui sont coincés avec eux dans le piège de la relégation.
Et d’interpeler le politique et les acteurs institutionnels pour qu’ils prennent leur juste part des nécessaires changements fondamentaux.
Ils trouveront notre mouvement à leurs côtés pour les soutenir dans ce combat !
Fred Mawet,
Secrétaire générale du mouvement « ChanGements pour l’égalité »
Notes de bas de page
↑1 | Voir à ce sujet le reportage édifiant d’Infor-Jeunes Laeken https://youtu.be/LhiSMAst2fY |
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↑2 | Est-ce un scoop ? les parents de milieux populaires veulent AUSSI une bonne école pour leurs enfants ! |