J’entrais dans la classe d’une nouvelle institutrice qui venait de la ville. Du vêtement au langage, nous sentions la différence. Ça aurait pu nous stimuler, mais cela n’a pas été le cas. Premier changement, elle nous appelait par notre nom de famille. Ce changement eut un impact sur toute la classe. Quant à moi, chaque fois qu’elle m’appelait par mon nom, c’était comme un coup de poignard.
Cela me rappelait que mon père avait quitté la maison familiale six mois plus tôt et que depuis ce jour, ma vie avait basculé.
Cette année-là fut ponctuée de brimades, d’humiliations…
Tous ceux qui n’entraient pas dans la norme en prenaient pour leur grade, et nous étions nombreux à ne pas correspondre à son image de l’élève modèle. L’école était devenue un supplice. Sauf le vendredi après-midi, parce que c’était bricolage, une des seules matières où je ne me sentais pas nullissime… Ensuite, c’était la délivrance du weekend.
L’école ne m’inspirait plus que l’ennui et l’humiliation. (Sylvie Bellens)
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