Transgressions : méthode de travail

CGé se veut mouvement sociopédagogique pour enseignants-chercheurs : c’est bien beau, mais comment travaillons-nous ? Voici le récit de notre weekend d’auto-socio-formation [1]Ce weekend d’auto-socio-formation et d’écritures a eu lieu les 12 et 13 avril 2008 dans un gite d’étape à Bailièvre. Annoncé dans Traces et sur le site de ChanGements pour l’égalité, … Continue reading, un weekend d’écriture qui a produit le présent dossier.

Transgression : un art
Transgression : un art
L’introduction au weekend disait : « Transgressions. À définir ! Sans restrictions, sans préjugés, sans tabous. Quelles transgressions, désobéissances, infractions, offenses,… vivons-nous, commettons-nous dans nos classes, écoles, groupes d’apprentissages, institutions,… ? Comment y réagissons-nous ? Nous partirons du concret, des récits, des expériences, mais aussi des représentations, des connaissances de chacun, pour théoriser ensemble, et logiquement se demander comment mieux transgresser et comment mieux réagir aux transgressions ! » Un weekend de rencontres, de convivialité, d’autoformation et d’écritures.

3 ateliers empilés

Chacun nourrissant le(s) suivant(s) : Imaginer. Raconter. Construire.

Atelier 1 : autour des transgressions fantasmées. Celle dont j’ai le plus peur, ou celle que j’espère, ou celle que je rêve de faire moi-même sans jamais l’oser, ou encore celle que je programme pour bientôt, ou… On est volontairement dans l’imaginaire. But : exciter les méninges, libérer les inhibitions… et écrire… des récits imaginaires et porteurs de sens (plusieurs de ces récits ont été retenus pour ce dossier, à vous de découvrir lesquels…).

Atelier 2 : autour des transgressions vécues. Celle que j’ai subie ou celle que j’ai commise. On est dans le réel. But : se souvenir, raconter, constituer un pot commun de transgressions commises ou subies à analyser par la suite… et écrire… des récits d’expériences (plusieurs de ces récits ont été retenus pour ce dossier).

Atelier 3 : à partir des transgressions racontées (fantasmées ou vécues), classement de ces transgressions et construction d’une typologie des transgressions et réactions possibles à ces transgressions (le tableau synthèse de ce travail est présenté en page 2 de ce dossier).

14 écrivants

14 personnes [2]Nathalie Coulon, Natalie Rasson, Anne Meurice, Pierre Waaub, Eric Vandenbergh, Thérèse Diez, Jean-Michel Barthélery, Alain Marcel, Sandrine Dochain, Catherine Jacmin, Amanda Castiaux, Noëlle De … Continue reading, dont 7 membres du comité de rédaction de Traces, habitués à écrire et se lire ensemble, 4 membres CGé et 3 « nouveaux » venus par relations interposées. Des enseignants, de tous niveaux et de toutes disciplines, et des « socio-cul », des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, des écrivant souvent et des écrivant rarement, des connaissant presque tout le monde et des ne connaissant presque personne. Un groupe très hétérogène, pas évident de se mettre à écrire sur soi et de se livrer devant le groupe.

Il était donc, comme toujours, nécessaire d’installer un climat de travail et de confiance, d’écoute, d’accueil et de respect mutuel, nécessaire de proposer des consignes d’écriture aidantes. Personne n’écrit comme ça, sur un claquement de doigts. Deux membres du comité de rédaction [3]Pour ce weekend, c’était Stéphane Lambert et Jacques Cornet. étaient donc chargés de préparer le weekend, d’organiser pratiquement les choses, de prévoir les activités et les consignes, de fournir une farde de lectures, d’animer le travail, de veiller à faire respecter horaires et consignes et de s’assurer de la production de textes publiables.
Pour cela, on arrive le vendredi, le souper et la soirée préparent déjà le travail du lendemain : on fait connaissance, on papote et on sait que demain on écrit. Et le samedi matin, on commence par rappeler le sens et le but du travail, l’organisation, les contraintes horaires et la méthode de travail. Peut-être est-ce un peu stupide de rappeler ces choses évidentes, qui ne le sont pas nécessairement, mais la rigueur formelle, d’une part, et les moyens de donner du sens à ce qu’on fait, d’autre part, protègent et rassurent.

28 textes et 3 tableaux

Pour la 1e commande, il nous a semblé plus facile d’entrer par l’imaginaire. Quel enseignant n’a pas fait de cauchemars à la rentrée où des classes hurlantes le mettaient à mal ? Qui n’a rêvé à une manière ou l’autre de ridiculiser un supérieur hiérarchique ? Qui n’a projeté de bouleverser l’ordre institutionnel pour installer son utopie ? On a commencé par un brainstorming de rêves et de cauchemars de transgressions. Il a démarré laborieusement, mais a quand même permis à chacun d’entrer dans son projet d’écriture. Et puis chacun écrit 45 minutes, puis par groupes de 3, on se lit où on en est, avec consignes de s’écouter, de questionner et de proposer pour aider à poursuivre. Et puis on réécrit 45 minutes. Et en 1H30, on a 14 textes presque publiables, c’est magique ! Chacun retravaillera le sien chez lui tranquillement par la suite.

La 2e commande portait sur des transgressions vécues par le narrateur, subies ou commises par lui. D’abord présentation d’un outil [4]Deux outils théoriques ont été présentés. Le lecteur intéressé peut les recevoir en les demandant gentiment à jacornet@skynet.be. sur les normes et valeurs. Quand on transgresse, qu’est-ce qu’on bafoue : les normes, les règles ou les valeurs pour lesquelles les normes existent, les normes et les valeurs, ou encore l’autorité ou le système porteurs de ces normes ? Puis chacun a dû se souvenir de 3 ou 4 transgressions vécues, subies et commises et en mettre quelques mots par écrit. Puis par 2, interviews mutuels, chacun raconte à l’autre ses transgressions vécues et l’autre pose des questions et aide à choisir laquelle sera écrite. Ensuite, 45 minutes d’écriture personnelle, puis lectures et aides mutuelles à 3, puis 45 minutes de réécriture personnelle et le miracle se reproduit.

Dernière commande : théoriser. Par sous-groupes, on organise la communication mutuelle de toutes les transgressions rêvées et vécues qui ont été racontées. Puis, à partir de ce pot commun, chacun individuellement, en utilisant les outils théoriques ou non, construit une typologie des transgressions. Puis par 2, comparaison de ce qu’on a produit, puis poursuite de l’élaboration à nouveau seul. Ensuite, en sous-groupes de 5, construire une typologie commune. Enfin, communication des trois typologies, étonnamment convergentes et complémentaires. Pierre Waaub a repris les trois et a produit le tableau synthèse que vous trouvez en page 2 de numéro.

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Ce weekend d’auto-socio-formation et d’écritures a eu lieu les 12 et 13 avril 2008 dans un gite d’étape à Bailièvre. Annoncé dans Traces et sur le site de ChanGements pour l’égalité, il était ouvert à toute personne intéressée. Et l’année prochaine, on remet ça. À bon entendeur, salut !
2 Nathalie Coulon, Natalie Rasson, Anne Meurice, Pierre Waaub, Eric Vandenbergh, Thérèse Diez, Jean-Michel Barthélery, Alain Marcel, Sandrine Dochain, Catherine Jacmin, Amanda Castiaux, Noëlle De Smet, Stéphane Lambert, Jacques Cornet.
3 Pour ce weekend, c’était Stéphane Lambert et Jacques Cornet.
4 Deux outils théoriques ont été présentés. Le lecteur intéressé peut les recevoir en les demandant gentiment à jacornet@skynet.be.