Au cœur de l’été, la presse s’est faite l’écho [1]La Libre, 9 août 2013 d’une intéressante démarche de 10 députés verts. Chacun a interrogé la ministre de l’enseignement obligatoire sur les taux d’échecs (en primaire et secondaire) dans « son » bassin scolaire (il y en a 10). Une autre question pour connaître l’indice socio-économique moyen de « ses » élèves [2]L’ISE (indice socio-économique) est calculé sur la base de 5 critères : le revenu par habitant, le niveau de diplôme, le taux de chômage, l’activité professionnelle et l’état des … Continue reading. Des données indisponibles jusque là !
Pas de révélations fracassantes pour celles et ceux qui suivent ce dossier. Mais des confirmations précieuses. Susceptible d’alimenter le débat « enseignement » avant les élections. Mieux : des données qui devraient figurer au premier rang dans ces débats. Rêvons un peu…
« Le taux d’échec par bassin scolaire confirme le lien qu’on peut opérer entre indice socio-économique et réussite scolaire. A savoir que plus le premier est faible, plus les difficultés scolaires sont présentes ». On le savait déjà. Mais ce nouvel angle d’approche, par bassin, confirme par exemple que ce sont les bassins de Bruxelles-Capitale et de Charleroi-Hainaut Sud qui sont les plus mal en point. Et nécessiteraient donc des thérapies de choc.
On apprend aussi, contrairement au discours ministériel lénifiant des dernières années, que le taux d’échec moyen est à la hausse dans le secondaire. Il est passé, entre 2006 et 2011, de 13,6% à 15,3%. Une hausse de 1,7%, soit environ 5.500 jeunes en échec en plus ! « La situation semble s’aggraver », dit pudiquement Ecolo.
Voilà donc des réalités à rappeler sans cesse. Bémol. Le plaidoyer pour les bassins se base encore sur des moyennes. Cette approche, par les moyennes, rend moins criantes les situations les plus douloureuses pour les familles et les plus difficiles pour les enseignants. En synthèse, les Verts reconnaissent que « les mécanismes successivement mis en place par la Fédération Wallonie-Bruxelles ne parviennent toujours pas à garantir à tous les enfants l’acquisition des compétences de base, quelle que soit leur origine socioculturelle (les élèves issus des milieux défavorisés et urbains ont généralement plus de chances de redoubler que les autres) ».
Aveu d’impuissance ? Au terme d’une législature au cours de laquelle Ecolo a partagé le pouvoir. Car il ne suffira pas d’une « évaluation participative du décret encadrement différencié » pour changer la donne. Ni des quelques autres mesures intéressantes préconisées par les Verts (pourquoi ces dossiers n’ont-ils pas avancés entre 2009 et 2013 ?).
Toutes les données présentées confirment donc que le principal défi que notre enseignement doit relever est celui de l’exclusion des enfants et des jeunes des familles paupérisées habitant des quartiers sinistrés des grandes villes. Et que ce défi a été sous-estimé par la majorité en place !
Seule une politique bien plus volontariste et courageuse pourra y répondre. En commençant par dire la vérité aux citoyens pour qu’ils acceptent des mesures qui dérangeront certains. Ça suppose de remettre à l’ordre du jour un vocabulaire clair, comme « zones d’éducation prioritaires », par exemple. Cela nécessitera d’investir bien plus en personnel expérimenté (et mieux payé) et en moyens matériels là où l’hécatombe scolaire fait le plus de ravages. Et ces moyens, il faudra aller les chercher (au moins en partie) là où il y a encore un certain « confort » ! Si non qu’on ne nous parle plus de solidarité.
Jusqu’ici, dans une indifférence quasi générale, nos gouvernements successifs n’ont jamais pris cet énorme défi à sa juste mesure. Pour preuve : malgré de grandes déclarations, les sommes y consacrées n’atteignent même pas 1% du budget enseignement de la FWB. Or, c’est dans l’intérêt de tous les citoyens que ce dossier doit devenir la priorité des priorités de la prochaine législature. Ce n’est pas gagné …car il en est d’autres qui sont plus médiatiques et concernent d’autres publics. Devinez…