La correspondance scolaire occupe une place importante dans ma classe. En effet, depuis plus de vingt ans, j’ai pratiqué la correspondance avec Marie-Ève.
Marie-Ève et moi, chacune titulaire d’une classe maternelle composite, elle à Banneux et moi à Waremme, pratiquions la pédagogie Freinet.
Nous avions mis en place un échange de lettres collectives et individuelles entre les élèves. L’année scolaire démarrait par un premier envoi collectif suivi, assez rapidement, d’une première visite chez l’une ou chez l’autre.
Lors de ces rencontres, les enfants apprennent à se connaître à travers le travail en ateliers : dessiner, construire, se déguiser ensemble, … Nous aidons chaque enfant à se choisir un correspondant. Ainsi, se forment les couples. Et ensuite, nous faisons une photographie de chaque couple et celle-ci est collée sur le cahier de correspondance individuelle de chaque enfant.
Dans ce cahier sont également collées les lettres que l’enfant reçoit et une copie des lettres qu’il envoie à son correspondant. Celui-ci devient alors une mémoire des échanges d’une année de correspondance.
Après notre première rencontre, la correspondance individuelle a démarré. Nous alternions correspondance collective et correspondance individuelle.
Lorsque nous recevions du courrier individuel, je lisais la lettre que l’enfant avait reçue et je la collais dans son cahier de correspondance.
Lorsque nous répondons aux lettres, lors du travail en ateliers libres, quelques règles doivent être respectées :
La correspondance individuelle correspond à un désir d’échanger, d’établir une relation personnelle et privilégiée avec un autre enfant.
Mon rôle est de veiller à la régularité des envois, de rappeler aux enfants la date à laquelle toutes les lettres doivent être terminées (on colorie cette date sur le calendrier) .
La correspondance :
– est le point de départ de multiples apprentissages (des notions de temps, de math, de géographie… sont abordés naturellement) ;
– provoque la recherche. Exemple : Où se situe l’école de nos correspondants sur la carte de Belgique ? Où se situe la nôtre ? D’où nos correspondants sont-ils originaires ?
– incite les enfants à communiquer ce qu’ils vivent, découvrent, cherchent… et à le partager avec d’autres ;
– donne un sens à l’écrit, favorise une expression authentique et suscite le désir de communiquer avec d’autres ;
– apprend à l’enfant à respecter ses engagements vis-à-vis de son correspondant ;
– apprend la tolérance, la différence (nous sommes tous différents dans bien des domaines).
La correspondance entre dans la dynamique de la classe. Elle devient un réflexe :
– et si on écrivait aux correspondants ce qu’on est en train de découvrir, de vivre,… ?
– et si on faisait ça pour les correspondants ?
– et si on les invitait à aller au cinéma, découvrir une expo ?
– et cette année, que vivons-nous ?
Cette année-ci, Marie-Ève ayant pris sa pré-retraite, je me suis mise à la recherche d’une nouvelle classe. Fin octobre, une nouvelle correspondance est née avec une classe de « cinq-huit » de l’école communale d’Evere.
Les enfants de la classe correspondante sont plus âgés que les miens mais cette différence d’âge se révèle être une grande richesse et apporte de nouvelles découvertes.
Fin novembre, nous nous sommes rencontrés pour la première dans ma classe. Nous avons passé une excellente journée ensemble. Les enfants se sont découverts dans les différents ateliers et dans les jeux sur le bateau (module de psychomotricité). Grands et petits se sont découverts et ont appris à se connaître. Ils se sont familiarisés avec des prénoms inconnus chez nous (à Evere, beaucoup d’enfants viennent de familles d’immigrés alors qu’à Waremme, il y a très peu d’étrangers) et ils se sont choisi un correspondant.
La correspondance individuelle peut démarrer.[1]Référence : Le Nouvel Educateur consacré à la correspondance scolaire, octobre 2004, n°162, PEMF