Alors que la plupart des avancées scientifiques d’hier se sont faites sous les coups de butoir de quelques individualités que l’on qualifie souvent de génies, les progrès d’aujourd’hui résultent de l’effort conjugué de scientifiques qui travaillent en équipe. D’aucuns attribuent la lenteur de l’histoire des sciences au caractère individualiste des recherches.
Les sciences de l’éducation, dont l’histoire est encore courte, ont également quelques praticiens penseurs illustres. Mais nous n’avons pas deux mille ans pour résoudre les problèmes que posent nos sociétés modernes.
Dans plusieurs disciplines, on a vu naitre en Communauté française, fin des années 70, les premières équipes mixtes dont l’objet de recherche était l’enseignement. Elles étaient composées, d’une part, d’universitaires qui avaient des habitudes de recherche, qui alimentaient la réflexion et qui permettaient les contacts avec d’autres universités belges ou étrangères; et d’autre part, d’enseignants qui connaissaient les réalités du terrain et qui testaient le produit des recherches dans les classes. C’est à cette époque également que de nombreux enseignants se sont retrouvés dans des mouvements pédagogiques pour mettre en commun leurs difficultés et rechercher des pratiques innovantes. La formation la plus profonde, mais aussi la plus engageante en temps, reste celle qui consiste à construire collectivement son enseignement pour répondre aux questions que la pratique soulève.
Dans les années 80, on a vu naitre par-ci, par-là, des formations dispensées généralement par des formateurs bénévoles et suivies par des enseignants mordus. Ce n’est qu’après les longues grèves enseignantes de 90 et les revendications de qualité, que l’exécutif communautaire a légiféré, qu’il a accordé les moyens pour organiser des formations et qu’il a donné aux enseignants le droit de les suivre.
Cette année, un nouveau pas a été franchi, la formation est rendue obligatoire. Il reste à voir comment cela va fonctionner. Ce numéro fait état d’un certain nombre de positions et de questions. Affaire à suivre…
