Faut-il aimer l’école ?

Sud Presse titrait récemment : « Seul un petit belge sur 5 aime l’école ». Révélation ? Consternation ! Faites l’expérience avec des ados de 15 ans… Plus étonnante est la source de ce « scoop » : l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économique, le club des pays riches. Voilà que ce gros machin se met à sonder les jeunes (ou plutôt les Etats) pour connaître leurs sentiments. Bon, ils disposent des moyens et il en fallait puisque l’enquête concerne tous les pays de la dite organisation.

Soyons sérieux : il s’agit d’un important travail de compilation de données recueillies ici et là sur le « bien-être des enfants ». Soit la santé, le logement, l’environnement, le bien-être matériel et, bien sûr, l’éducation. Voilà donc que l’OCDE vient au secours des défenseurs des droits des enfants ! Pourquoi pas ? Il y a d’ailleurs dans les conclusions de cette enquête de quoi inspirer des décideurs progressistes : « Les résultats de cette synthèse confirment la nécessité d’une redistribution des dépenses au profit de la petite enfance et des enfants dont les résultats sont ou risquent d’être, très mauvais ». Mais revenons à ce désamour de l’école. Est-ce une maladie « bien de chez nous » ? Point du tout : le titre du document de l’OCDE est clair « la plupart des enfants de l’OCDE n’aiment pas l’école ». C’est une maladie des pays riches dans leur ensemble ! Pourquoi présenter les choses comme le fait Sud Presse ? Pourquoi ne pas dire aussi que les jeunes français, luxembourgeois et même les finlandais dont on nous répète que l’école est parfaite…l’aiment encore moins que les élèves belges ?

Et puis, faut-il aimer l’école ? Surtout quand on lit que « ce sont les enfants turcs qui aiment le plus l’école, même si ce sont ceux qui déclarent le plus être victimes de brimades et de bagarres » !

Brimades. Voilà qui est plus inquiétant. Avec les moqueries, bagarres et mots blessants, cela fait partie de la vie des écoles depuis toujours. Ce n’est pas une raison pour les accepter. Et s’il y a recrudescence (ce qui reste à prouver), il faut accorder plus de place et plus de temps au « vivre ensemble », au travail d’éducation et à l’élaboration de la loi qui doit protéger les plus faibles. Au détriment de la concurrence et de la compétition. Tiens, l’OCDE ne parle pas de la violence institutionnelle qui touche les milieux populaires et « oriente » massivement leurs enfants sur des voies de garage.

Enfin, méfions-nous de l’engouement pour tous les hit, classements et autres ranking. Très à la mode. Ils sont le fruit de moyennes. Rien de plus trompeur et dissimulateur que les moyennes. Sans compter que leur fiabilité est très relative et très approximative.