Les ingrédients sont réunis : deux groupes, du matériel déjà installé, un prof de math avec un sourire en coin… ça y est, on peut démarrer.
Un carré en damier derrière une vitre placée à la verticale et devant laquelle IL a placé un drôle de petit trou… Le prof de math donne ses consignes : dessiner sur une feuille ce que vous pensez que vous verrez en regardant le damier à travers le trou. [ On pourra lire le descriptif complet de l’activité dans l’article [ )) IL sourit. IL sait, lui, ce qu’on verra. LUI c’est son truc, il est là pour ça. D’ailleurs, il a une idée derrière la tête, ça se voit ! IL sait, JE sais pas. Mais bon, comme je suis là pour ça, je me lance. Vérification : j’étais pas trop loin de la vérité. J’avais une avance : je savais qu’il avait prévu de travailler sur les perspectives ! Facile…
Aïe ! IL complique le bazar ! Encore ce petit sourire en coin… Le v’là qui met le damier de travers, quelle idée ! J’avais tout juste avant, maintenant je suis perdue. Mais j’essaie, docile, volontaire. Je suis là pour ça. J’imagine, j’invente, on verra bien… Ça prend un peu de temps… Je me demande pourquoi les profs de math font toujours les cent pas pendant qu’on essaie de se concentrer. À croire qu’on leur demande de marcher de long en large à l’examen d’entrée… Ça se corse, on vérifie, on constate, on s’interroge, je me prends au jeu, je pose les questions, je sais pas. IL me répond, je comprends pas, c’est pas clair comment il parle, toujours ce langage mathématique qui m’échappe, y sait pas parler français comme tout le monde ? Parallèle, perpendiculaire, verticale, horizontale, angles ceci, lignes machins… Y’a des choses que j’ai oublié, ou pas comprises avant… du vocabulaire que je ne maîtrise pas… Il pourrait pas rebobiner pour que je me rappelle ? Non, pas le temps, je suis censée maîtriser tout ça comme les autres… alors je fais semblant… je verrai bien après… IL a pas fini, IL est encore loin de son objectif, on continue, ça va trop vite pour moi…
Mais ça devient intéressant. ON commence à parler de point de fuite, ça me dit quelque chose… Un cours de dessin, j’aimais bien le cours de dessin, on sort des maths, j’ai bien fait de rester… Et puis ça s’emballe, ça devient gai, on cherche ensemble, je ne suis plus seule… on trouve des réponses, ça donne l’impression d’en boucher un coin à ce prof de math. Mais non, LUI il sait. Pas grave, il joue le jeu. IL est content parce qu’il n’a pas des trop cons devant lui… IL peut avancer… Et de fait, on avance… À la fin, on arrive même à dessiner tout seul, comme des grands et même comme des peintres connus. Ça démystifie un peu les peintres, tiens ! Ils ne dessinent pas avec leurs yeux d’artistes, ils font des calculs. Jamais je n’aurais pensé que la peinture pouvait être mathématique ! Moi je suis un peu déçue. Mon prof de math, lui IL jubile ! Tellement content d’être arrivé à ses fins.
J’ai l’impression d’avoir un peu perdu de ma naïveté enfantine, c’est sûr, je ne regarderai plus les paysages de la même manière. Du coup j’ai un peu grandi parce que j’ai appris quelque chose… N’empêche que je n’ai pas tout compris, mais faut-il tout comprendre d’un coup ? Je me rassure, ça ne comptait pas pour des points… Et puis, les points je les aurai au cours de dessin, tiens ! J’ai peut-être pas tout compris des maths, mais j’ai quelques notions intéressantes qui m’aideront à mieux dessiner. Du coup, j’ai bien envie de me lancer dans la peinture… Finalement, ça ne doit pas être si difficile que ça !