Renoncer n’est pas choisir

Les clients potentiels sont des acteurs du monde de l’enseignement et du monde de l’éducation permanente : des enseigneurs de tous les niveaux, des directeurs, des médiateurs, des PMSoeurs, des étudieurs qui apprennent le métier d’enseigneur, des éducateurs en institution ou en milieu scolaire ou en maison de jeunes, des animateurs d’école de devoir ou de garderie, des alphabétiseurs et toutes sortes de bricoleurs de la formation et de l’éducation.

186005.tifImaginons que CGé (ChanGements pour l’égalité) soit un business dont l’un des domaines d’activités est la prestation de services dans le secteur de la formation. Une équipe jeune et dynamique, formée des meilleurs membres du personnel de la boite s’attelle au challenge : satisfaire 200 personnes qui amputent leurs vacances et payent une inscription pour venir travailler à la Marlagne trois ou six jours en aout.
L’équipe RPé (Rencontres Pédagogiques d’été), c’est bien d’elle qu’il s’agit, alterne brainstorming, team building, high level reflexing, good decising tout au long de l’année. Elle sonde son public cible pour en connaître les attentes. Elle décode les publications et discours sociopédagogiques en vogue pour déceler les tendances à la mode : le top, le up, le in.
Cette année 2008, nous avons décidé de proposer 14 ateliers et de les organiser. Fini donc de faire une offre qui dépasse la capacité des lieux et de s’adapter, en quelque sorte, à la demande. Choisir, c’est renoncer. Vous avez compris que tout ce qui précède le présent paragraphe n’était peut-être qu’ironie. Nous faisons partie d’un mouvement sociopédagogique militant et nous n’avons pas l’habitude de renoncer à faire des choix.

Choix premiers

Depuis longtemps, nous sommes passés de la garderie d’enfants à un atelier enfants. Cela ne fait plus l’objet de discussion.
Une des plus anciennes controverse au centre des choix depuis plus de vingt ans, c’est la part des ateliers qui doivent être disciplinaires. Certains rappelaient la place, à leurs yeux trop importante, des ateliers à tendance psychologisante. Et ils bataillaient ferme pour qu’on organise des formations épistémo-ditactiquo-pédagogiques même dans des matières aussi barbares que les maths ou les sciences.
Aujourd’hui, nous tenons toujours à garder des ateliers purement disciplinaires, quatre sur 14 dans le programme 2008, en histoire, en langues et en math. Ils visent à mettre les formés en situation d’apprentissage, à les faire travailler puis interpréter, réfléchir et analyser leurs démarches, cerner les difficultés d’apprentissage et les seuils épistémologiques, confronter les pratiques.
Le formateur et l’enseignant sont des corps particuliers facilitateurs d’apprentissage et d’émancipation d’autres corps, tous étant membres d’un même grand corps social. L’atelier Yoga, seul dans son genre, s’intéresse au corps au sens premier du terme.
Il y des ateliers qui partent de l’expression des corps en un sens assez large, ceux des formés et des apprentis. Pour décrypter les langages, faire du fond avec de la forme, créer du sens. En 2008, quatre ateliers sur 14 : improvisation, voix, expériences graphiques, écriture. Les démarches ont presque un caractère interdisciplinaire. Comme celui, par exemple, dont on va fêter les vingt ans de présence aux RPé, qui part de l’écriture pour découvrir le « tous capables », outiller les pratiques d’enseignement, questionner la conduite d’ateliers de création dans le cadre de l’éducation nouvelle.
Certains ateliers sont centrés sur certains métabolismes du corps social, de la classe, du système scolaire ou de la société. En 2008, cinq ateliers sur 14 autour de l’autorité, l’analyse transactionnelle, la pédagogie institutionnelle… Leur importance croissante suit l’évolution de CGé devenu pleinement acteur d’éducation permanente et dont l’action s’inscrit sur les frontières du pédagogique et du social, de l’école et de la société. En résumé, 4-5-5 en 2008 (ateliers hors enfants) pour les trois grandes orientations présentées, c’est indicatif de l’équilibre recherché.

Choix seconds

Il n’est pas toujours possible de séparer un atelier de son (ou ses) animateur(s). Nous essayons cependant de faire la part des choses. On choisit d’abord des ateliers dans les grandes orientations rappelées ci-dessus sachant qu’il faut intégrer les axes du plan quinquennal[1]Les trois axes choisis par CGé : 1 les pratiques émancipatrices et la construction des savoirs ; 2 l’égalité (la priorité de notre école et de notre société) ; 3 l’autorité … Continue reading que CGé doit présenter, puis suivre, pour bénéficier des subsides de la Communauté française. Pour une part, nous reprenons des ateliers organisés l’année précédente, et pour une autre, des nouveaux. Les parts respectives en 2008, sont de 8 et 5. Nous sommes très attentifs à la méthodologie utilisée. Pas question de faire en formation autre chose que ce qu’on prône. Les formés doivent être actifs et acteurs de leur formation. Nous en jugeons à partir des recoupements d’informations issues d’échos, d’évaluations et d’entretiens.
Pour ce qui est de l’animateur proprement dit, avoir une expérience de formation est presque indispensable. Être praticien, dans le domaine concerné par la formation, est un avantage. Ancré dans un mouvement, c’est un plus. Si ce mouvement est un mouvement frère, c’est un mieux. Si ce mouvement est CGé, c’est un top.
Nous ne choisissons pas le public. On a beau chercher à sortir des mécanismes marchands, faut pas rêver. Mais nous veillons à donner la place aux acteurs de l’éducation hors école. Sachant que ceux qui sont internes à l’école nous fréquentent déjà depuis longtemps. Nous cherchons également à couvrir des problématiques éducatives autant horizontales, traversant les classes sociales, que verticales, couvrant l’âge de la maternelle jusqu’à celui d’Alzheimer.
Au moment de finir cet article, il faut ajouter que la liste des tensions qui préside aux choix et qui est faite ici, est loin d’être exhaustive. D’autres éléments peuvent intervenir. D’ordre affectif et stratégique, par exemple… Mais ne comptez pas sur moi pour en faire étalage sur la place publique.

Documents joints

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Les trois axes choisis par CGé : 1 les pratiques émancipatrices et la construction des savoirs ; 2 l’égalité (la priorité de notre école et de notre société) ; 3 l’autorité dans les doifférents milieux socioéducatifs.