RTBF : place à l’éducation, svp !

La plupart des citoyens ignorent que la RTBF, entreprise culturelle de service public, est liée par un « contrat de gestion ». Ce contrat est renégocié tous les 5 ans avec le pouvoir de tutelle de la RTBF, la Fédération Wallonie-Bruxelles. Et plus particulièrement avec la Ministre en charge de l’audiovisuel, Fadila Laanan. Cette négociation donne aussi l’occasion aux parlementaires d’organiser des auditions et de s’exprimer sur le bilan et les perspectives de l’entreprise. Autrement dit, les élus de tous les partis ont leur mot à dire. A travers eux, chacun d’entre nous peut exprimer ses souhaits et regrets. Le moment est venu pour le faire. En effet, la négociation du contrat pour les années 2013-2017 est en cours et doit se clôturer à l’été. Les signataires de cet appel veulent attirer l’attention des citoyens et des décideurs sur une anomalie de taille : l’absence des grilles, tant en radio qu’en télévision, de programmes consacrés à l’éducation et à l’enseignement. C’est d’autant plus anormal que tout le monde en convient : l’éducation est une priorité. Chacun reconnaît aussi qu’éduquer et former des enfants et des jeunes, que ce soit en famille, à l’école, dans la rue, dans les clubs, les associations, les mouvements et maisons de jeunes, c’est bien plus difficile aujourd’hui qu’il y a dix ou vingt ans. Et pourtant, jusqu’ici, ces questions d’éducation au sens le plus large, n’ont pas droit à des magazines réguliers et substantiels sur les chaines du service public. C’est d’autant plus étonnant que des questions bien moins cruciales ont droit à des magazines réguliers : le vin, la table, le cheval, le jardin et les loisirs, la brique dans le ventre, le tourisme, … Serait-ce faute de public potentiel pour l’éducation vu que, aujourd’hui, l’audience est devenue un sésame ? Bien sûr que non ! Les questions d’éducation nous concernent tous au plus haut point. Que nous soyons éducateurs « professionnels » ou occasionnels (dans la rue, dans les transports en commun, …), nous sommes tous amenés à rencontrer des enfants ou des adolescents qui sont en droit d’attendre des adultes qu’ils les « élèvent » au sens le plus noble du terme. Nous sommes de plus en situation de devoir inventer des réponses à des questions inédites : réseaux sociaux, multiculturalité, addictions diverses, ….Sans parler des grandes questions de fond qui se posent à tous : l’autorité, la sexualité, la loi et l’interdit, l’individualisme et la solidarité, mais aussi la santé, les modes, les loisirs, l’école évidemment ! Les parents sont concernés au premier chef. Mais les enseignants et les animateurs le sont aussi. De même que tout le secteur de l’éducation permanente. Voilà un sacré public ! N’est-ce pas une mission incontournable de service public que de donner des rendez-vous réguliers aux citoyens pour éclairer ces sujets ? Avec des « experts » qui les ont étudiés et des éducateurs qui cherchent les réponses les plus pertinentes dans des contextes divers : plaines de jeux, écoles de devoirs, centres de créativité, académies, garderies, crèches, écoles de tous niveaux, à la ville, à la campagne, pendant les petites et grandes vacances, … N’est-ce pas une mission de service public que de mettre à la disposition du plus grand nombre les résultats des nombreuses recherches et expériences menées en ces matières ? Qu’elles le soient à l’initiative du politique ou dans le cadre associatif, dans les universités. Certes ce ne sont pas des sujets faciles, si on a l’ambition d’aborder ces questions délicates dans leur complexité. Elles requièrent donc un traitement de fond que seuls des magazines permettent. Surtout quand ils sont confiés à des équipes passionnées par leurs sujets. Il n’en manque pas à la RTBF. Au-delà de cette revendication minimale, nous relayons aussi une attente de tous les éducateurs : que le service public se distingue davantage des médias privés par un plus grand respect des enfants et des jeunes à toutes les heures de la journée et dans tous ses programmes. Qu’il devienne un allié des parents et des enseignants dans leurs efforts éducatifs. Qu’il remplisse pleinement sa mission ! Nous en appelons donc solennellement à tous les responsables, politiques et de la RTBF, pour qu’ils intègrent dans le nouveau contrat de gestion la programmation de magazines (au moins mensuels) consacrés à l’éducation. A des heures de grande écoute et sur les chaines « grand public » : la Une en télévision, La Première et Vivacité en radio. Nous invitons les citoyens qui considèrent qu’il y a là un vide à combler et qu’il y a lieu de se manifester, à revendiquer la programmation des magazines évoqués dans cet appel. En s’adressant à des élus de leur famille politique, à la Ministre, à des membres du Conseil d’administration de la RTBF ou à son Administrateur général en personne. L’enjeu est de taille : il justifie que tous se bougent.

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