La consigne est simple : dessiner un cube. Un jeu d’enfant ! Oups… Je dois le tracer en fonction des consignes données (en haut, en bas de la ligne d’horizon, etc.). Jusque-là pas de quoi s’alarmer… un cube, tout le monde sait dessiner ça !
Nous sommes un groupe de sept adultes. Tour à tour, après avoir reçu les consignes d’Éric, chacun vient dessiner son cube sur le tableau. Nous partageons alors nos impressions sur la figure représentée.
Curieux… Au fur et à mesure des créations et des observations, je suis déconcertée. Voilà que je découvre le fameux « point de fuite »… Qu’est-ce que c’est que ça ? Je n’en ai jamais entendu parler. Cette découverte me tracasse, me déstabilise, me gêne, mais me fascine. Cet élément, dont je ne soupçonnais même pas l’existence il y a dix minutes, vient perturber ma vision tranquille et facile des choses. Stéphane m’explique rapidement.
Je suis intriguée. Se dessinent sous mes yeux des cubes, ou plutôt leur représentation, dont les côtés opposés ne sont pas parallèles, dont on ne voit tantôt qu’un seul côté, tantôt que deux ou trois (cela en fonction de la position du cube par rapport à la ligne d’horizon). Ce qui me surprend, c’est que ces dessins sont parfaitement conformes à la vision que nous avons d’un cube en fonction de sa place dans l’espace.
Chacun réagit face à chaque création. Certains s’étonnent, critiquent, d’autres trouvent la représentation logique, certains doutent de la conformité de celle-ci. Éric corrige.
Moi, je ressens une gêne par rapport à cette nouvelle perception du cube. Comment est-ce possible que jamais je n’avais pensé à le dessiner de cette manière-là ? Tant et tant de fois, je l’ai dessiné de la même façon. Pourquoi ?
Ce qui m’a facilité la tâche lors de cet exercice, c’est de voir les autres s’essayer avant moi. Pour être honnête, si ça n’avait pas été le cas, je ne sais pas si je serais parvenue à appliquer les consignes de l’animateur.
Il y a vraiment de quoi se poser des questions… Comment une chose aussi simple que dessiner un cube peut éveiller en moi tous ces doutes et toutes ces curiosités ?
Des doutes car je prends conscience que mes repères, les repères que l’on m’avait donnés, ne sont pas mauvais, mais en tout cas, ne sont pas toujours les seuls. J’ai l’impression que l’on vient de m’annoncer que parfois le soleil peut être vert…
Curiosités car pourquoi, avec toutes mes connaissances accumulées lors de mes années d’études, j’ai éprouvé cette difficulté à imaginer et dessiner ce cube ? Je veux comprendre…
Et nos élèves alors ? Moi, j’ai pris conscience (avec ma conscience d’adulte) que le besoin de comprendre me gagnait et j’ai envie d’apprendre. Mais réagissons-nous tous de la même manière ? Et si ça m’avait bloquée ? Si mes doutes m’avaient fait perdre confiance et m’avaient poussée à la fuite ?
Comment les enfants se sentent-ils quand ils se perdent dans une ou l’autre leçon, matière, voire dans la classe dans toutes ses dimensions ?