La nécessité d’assumer

J’avais très envie de vous parler de deux questions qui me tiennent à cœur. D’une part, les résultats de la cop24 : un sous-investissement irresponsable, une absence d’ambition des responsables politiques qui m’atterre complètement, et d’autre part, le parti socialiste qui lance une vaste consultation sur l’avenir de l’enseignement…

Ces deux questions ont une chose en commun : le politique n’assume pas ses responsabilités et les conséquences sont très graves.
Concernant le climat, le politique sait le désastre annoncé, mais il ne prend pas des mesures suffisamment radicales et bien pensées pour sauver la planète ou, plutôt, pour arrêter le suicide, tout en veillant à plus de justice sociale. Aujourd’hui, il y a un tel fossé social qu’une transition brutale non accompagnée d’un rééquilibrage social ne sera pas viable pour une grosse partie de la population.
Vous avez certainement été impressionnés par cette jeune Suédoise, Greta Thunberg qui, devant des responsables politiques du monde entier, a dit : « Vous parlez de croissance économique verte et durable parce que vous avez trop peur d’être impopulaires ;
Vous poursuivez sur le même chemin au lieu de tirer le frein à main alors que vous savez qu’il nous mène dans l’impasse ;
Vous n’êtes pas assez matures pour dire les choses comme elles sont ;
Notre civilisation est sacrifiée pour permettre à une petite poignée de gens de continuer à gagner d’énormes sommes d’argent ;
Quand j’aurai septante-cinq ans, mes enfants me demanderont pourquoi vous n’avez rien fait quand il en était encore temps ; vous dites que vous aimez vos enfants, mais vous volez leur avenir sous leurs yeux !
Nous devons laisser les énergies fossiles dans le sol et nous concentrer sur l’équité… et si le système n’admet pas de solutions, nous devons changer de système ! »

Stupéfaction et colère…

À l’échelle de la Belgique, en matière d’enseignement, j’ai l’impression que la même pièce se rejoue.
Depuis presque quatre ans, le ps a pleinement contribué à cet important chantier de réforme de notre système scolaire. Après avoir analysé les failles de notre enseignement obligatoire qui est parmi les plus inégalitaires du monde avec un taux de 25 % d’analphabètes fonctionnels au terme de la scolarité obligatoire et un taux record de redoublement, les grands acteurs de l’enseignement se sont mis autour de la table pour imaginer et construire des remèdes, dans un plan ambitieux, comportant de multiples réformes articulées et réparties dans le temps.
Et voilà que le parti socialiste lance une vaste consultation sur l’école où il entend récolter les avis de tous ceux et celles qui s’intéressent à l’avenir de l’enseignement, annonçant que les réponses alimenteront son programme électoral pour 2019 !
Alors qu’il y a un travail énorme à faire, pour expliquer et convaincre que les mesures qui vont être prises ne sont pas simples, mais qu’il n’y a pas vraiment d’autre chemin. Expliquer et convaincre, c’est leur responsabilité. Ils n’assument pas et, d’une certaine façon, bottent en touche.
Nous savons que pour que les mesures prévues dans le Pacte portent leurs fruits, il faudra quinze années de continuité. Ça ne veut pas dire qu’il ne va pas falloir rectifier le tir, mais il faudra garder le cap, les objectifs et analyser, tout au long, si les effets des réformes sont bien ceux attendus. Et si ce n’était pas le cas, s’interroger sur ce qu’il faudrait changer.
Quinze ans, sinon nous sommes repartis pour des réformes avortées.
Et le ps de demander comment les citoyens et les professionnels de l’enseignement pensent qu’on peut améliorer la qualité de notre enseignement et lutter contre l’échec scolaire et le redoublement et quels sont selon eux les principaux problèmes de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles…
J’ai envie de leur dire : retournez aux 220 pages de l’état des lieux de l’enseignement et aux 350 pages de l’avis numéro 3 !
Qu’ils soient inquiets parce que le train de réformes prévues dans le Pacte est encore diversement compris et apprécié, je le comprends, mais ce n’est pas en faisant semblant de repartir à la consultation qu’on va avancer. Ce n’est pas prendre les citoyens ni les professionnels au sérieux que de procéder ainsi. Par contre, pour rencontrer les défis du changement climatique comme du changement de l’école, il ne fait aucun doute que nos responsables politiques vont devoir ouvrir de solides chantiers et se confronter positivement et respectueusement à nous, les citoyens, les professionnels et les entreprises, pour veiller à ce que chacun prenne dès à présent sa juste part dans les mesures à mettre en œuvre.
Ça ne fait aucun doute, mais c’est tout autre chose.
Et c’est aussi probablement la seule voie qui peut redonner du crédit au politique et à la démocratie.