Par la porte ou la fenêtre, l’affectif…

De la place des aspects affectifs dans les situations concrètes insatisfaisantes que nous travaillons ou vivons… De fil en aiguille ou d’aiguille en fil, ces situations font écho à mes lectures récentes et ensuite à une situation très actuelle sur mon lieu de travail.

Je trouve fascinant le nombre de portes qu’on découvre, entrouvre, ouvre toutes grandes lors du processus d’Entrainement Mental. Et aussi les portes qu’on n’ouvre pas ou alors timidement ou qu’on ne veut pas ouvrir et peut-être même ne pas nommer.
Frans De Waal, dans son essai « Le bonobo, Dieu et nous », expose comment les aspects affectifs sont, le plus souvent, les premiers à intervenir lorsque nous prenons position, lorsque nous agissons. Une « couverture » raisonnée viendra ensuite justifier en quoi notre prise de position ou notre action est cohérente, en lien avec nos valeurs, avec un principe de réalité… Mais en fin de compte, c’est bien l’affectif, l’inconscient qui a pris le dessus. Ce qui semble coller avec des observations neurologiques : la partie du cerveau liée aux émotions s’active avant celles de la rationalité et de l’action, qui ont un temps de retard.

Mon ça qui parle

Lors des situations de travail du weekend, je constate que dans les deux analyses effectuées, cette présence des aspects affectifs, émotionnels fut soit discutée, soit minimisée, soit tardive à être nommée.
Pourtant, lorsque nous travaillons en équipe d’adultes à l’école, cet aspect est souvent celui qui sera déterminant : peur ressentie, mais non exprimée, inquiétude par rapport à un changement à mettre en œuvre, sentiment d’incapacité. C’est vrai autant pour moi que pour les personnes avec lesquelles je travaille. Et ces émotions prennent parfois tellement le dessus qu’il devient difficile d’avancer dans le travail collectif.
C’est le cas par exemple en ce qui concerne l’organisation des classes pour l’année scolaire prochaine. Les nombres d’enfants enregistrés au 15 janvier autorisent le fonctionnement en cinq classes primaires, mais il y a bien sûr six années primaires. Des regroupements sont inévitables et la répartition des enfants dans les différentes tranches d’âge fait que c’est avec les élèves de 4e, 5e et 6e années qu’on ne pourra organiser que deux classes. Une classe de 4e/5e et une classe de 5e/6e de 24 et 25 élèves.
« C’est impossible ! », « Je ne me sens pas compétente pour prendre en charge une telle classe. », « C’est un regroupement illogique, à cheval sur deux cycles différents. », « Je n’ai jamais travaillé à ce niveau. », « Je suis à l’aise avec les plus jeunes, mais pas avec les grands »

Non, pas moi

Lorsque je tente de faire trouver des arguments positifs en faveur d’un tel regroupement, c’est le silence. « Il n’y en a pas ! »
Pourtant, il faudra bien organiser cette classe et il faudra bien lui assigner un ou une titulaire.
« Dans ce cas, je demanderai la mutation dans une autre école de la Ville ! »
Comment, comme directeur — qui devra à un moment donné prendre et assumer la décision par rapport à cette désignation —, puis-je à la fois entendre ces craintes et à la fois faire prendre distance pour ce qui est de croyances, de manque de confiance en ses capacités professionnelles ? Il ne suffit pas de dire « Vous avez les capacités, vous êtes porteuses d’un diplôme qui l’atteste et qui indique que vous avez été formées pour travailler de la 1re à la 6e primaire. J’ai moi-même travaillé avec une classe à 4 niveaux pendant 4 ans dans cette école. Des collègues gèrent une classe unique P1 à P6 ! » Lorsque je tente de convaincre par la raison, j’ai l’impression de ne faire qu’accroitre l’angoisse.

Prendre surmoi ?

Je ne vois pas quel dispositif mettre en place pour avancer et maintenant, c’est moi qui ressens un sentiment grandissant d’incompétence, qui commence à me paralyser… Ça ne va sans doute pas beaucoup aider à avancer ! 