Enseignement: pas de réforme comme en Flandre

La Flandre a réformé son enseignement à la vitesse de l’éclair. Au sud de la Belgique, on observe avec attention, mais…

Le ministre de l’Enseignement flamand, est fier de sa réforme de l’enseignement, censée contenter tout le monde. Mais à ce stade, c’est une réforme théorique, que l’on considère avec attention au sud de la Belgique : «C’est le détail qu’il faudra observer», dit le porte-parole de la ministre francophone de l’Enseignement, Marie-Dominique Simonet.
Attendre plus longtemps avant de choisir une orientation plus ciblée, c’est une tendance globale : on a besoin d’un minimum de bagage avant d’apprendre un métier. La Fédération Wallonie Bruxelles a repoussé le choix au second degré en 2007. Mais pour le mouvement socio-pédagogique Changement pour l’égalité, 14 ans, c’est trop tôt.
«Il faut 16 ans, et avoir eu l’occasion d’exercer davantage dans les différents domaines, les différentes pratiques », plaide Anne Chevalier, la secrétaire générale. Elle estime que la réforme flamande s’attaque au problème de la relégation sans s’attaquer aux causes, à savoir les difficultés scolaires dans le primaire, et l’origine socio-économique des jeunes.
Elle pointe aussi un index accusateur vers la remédiation pour les élèves en difficultés : « chez nous, cette formule a échoué : les élèves renforcés en français et maths ne peuvent pas choisir d’options et ils ont le sentiment d’être rejetés du système. Nous préférerions qu’ils aient également accès aux options. »
Cinq domaines, et toutes les sections dans la même école
Éric Étienne porte-parole de la ministre de l’Enseignement dit qu’il n’y a pas d’intention de suivre l’ «horizontalisation» de l’enseignement, à la flamande, distribué sur 5 domaines. «Mais nous nous enrichissons de ce qui se fait ailleurs.»
Anne Chevalier, elle, est sceptique sur cette réforme menée au Nord : «Est-ce que, au niveau du 1er degré, les élèves auront eu réellement l’occasion de s’exercer dans tous les domaines, de façon théorique et technique?»
Elle approuve que tous les types de sections se retrouvent au sein d’une même école, ce qui pourrait résoudre le problème de désertion du 1er degré dans nos écoles techniques, et éliminer l’image d’écoles-ghettos, mais elle redoute une nouvelle forme de hiérarchisation : «Est-ce que science ne sera pas considéré comme une matière plus noble que l’art? La coiffure, l’esthétique seront-elles considérées comme des branches artistiques? Est-ce qu’il y aura une adhésion du corps enseignant et des familles?»
Sa piste pour que les choix ne se fassent plus en fonction du nom de l’école : « Séparer le 1er degré du reste du secondaire ». Mais ça, ce n’est au programme ni en Flandre, ni en Belgique francophone.
Interview de Anne CHEVALIER parue dans l’avenir le 06/06/2013 Cet article est publié dans la brochure “Dossiers de l’Epol 2013” que vous retrouverez en pièce jointe ci-dessous.

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