Ces métiers où il ne faut pas savoir parler…

Ils sont debout et manipulent des machines… Ils interviennent à une étape-clé du processus de production de la confection d’un savon ou d’un parfum ou d’un sachet pour un pain gris de 800 grammes… chacun à son poste. Ils ne communiquent pas… du moins, c’est ce que l’on croit !

« Ils », ce sont des ouvriers à la chaine, des ouvriers de production. On dit d’eux qu’ils doivent être rapides, vifs, attentifs, capables de démarrer une machine, de la régler, de la stopper et de la nettoyer…

Savoir parler pour produire

On n’évoque pas souvent le fait que les informations qu’ils transmettent et reçoivent demeurent capitales. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, savoir parler constitue une compétence indispensable pour le métier d’opérateur de production. L’opérateur doit être en mesure de décrire les problèmes techniques aux techniciens de maintenance, signaler les risques de panne, se montrer très précis dans la description des anomalies, informer sur les états de service, débriefer le rapport de production ou de maintenance, transmettre les instructions reçues et les discuter, informer sur ce qui se passe dans l’équipe ou dans le service… dans son propre jargon : celui lié, à la fois, aux informations de type technique et au produit en fabrication.

Savoir écouter pour continuer à produire

À l’interpose : « Il faut remplir le réservoir avec le liquide colorant mauve utilisé pour les savons de l’hôtel Esperanza avant de le redémarrer, il va se vider après la fabrication de 800 kg de savon. Je n’ai pas eu le temps de le remplacer à cause de la panne de la tour de refroidissement. Le technicien de maintenance est venu, mais il pense que le problème vient d’ailleurs… »

Savoir écouter pour comprendre les consignes orales ou pour prendre la relève d’un service et ne pas se tromper représente une seconde compétence indispensable pour assurer la relève d’un service. En effet, les opérateurs de production travaillent bien par équipe et en équipe. Les machines pouvant tourner jusqu’à 24 heures sur 24, pouvant produire 600 kg de savon par heure, la communication doit être efficace et aucun droit à l’erreur ne sera accepté.

Et pour causes. Tout manquement pourrait entrainer la non-conformité du produit de fabrication ou pire, un accident : si le foret de la machine à forer est usé, il peut se casser et les projections causer des dégâts corporels et matériels. Encore, ne pas prendre en compte une anomalie pourrait entrainer une détérioration de la machine et du matériel. Toutes ces conséquences provoquent une perte de temps et donc d’argent pour l’entreprise.

Savoir parler et écouter à l’entretien d’embauche

Lors du recrutement, l’employeur potentiel vise des objectifs bien précis. D’une part, il vérifie les éléments mentionnés dans le curriculum vitae, revient sur les éléments « douteux » et les éléments qui constituent des atouts pour le candidat. Et d’autre part, il évalue la motivation du candidat pour le poste à conférer, mais aussi, sa motivation pour la société en général. Le candidat sait-il écouter ? C’est le seul moyen de voir si le candidat est réceptif aux problèmes de l’employeur, s’il accepte son argumentation (sans pour autant l’approuver).
L’employeur posera alors des questions comme « Parlez-moi de vous », « Pourquoi devrais-je vous engager ? », « Comment voyez-vous votre rôle au sein de notre entreprise ? ». Ces questions appellent des réponses à la fois informatives et argumentatives.

Il n’y a pas de quoi fouetter un chat, direz-vous… Mais, face à ce type d’interrogation, il n’est pas question d’avaler sa langue ou de passer du coq à l’âne. Argumenter exige un effort de sélection, une écoute et une prise en compte de l’employeur, une mise en ordre des idées et le choix d’une formulation. Parler de soi avec simplicité, mais avec clarté ; réussir à exposer avec confiance en soi son projet professionnel ; se présenter comme quelqu’un qui sait ce qu’il veut et pourquoi ; présenter les qualités de ses défauts ; être capable d’argumenter sa motivation, son ambition, sans freiner et alourdir le message… Tout cela, sans perdre de vue l’enjeu et les intérêts réciproques.

Savoir parler et savoir écouter pour prendre moins de vestes

Savoir parler et savoir écouter avec les autres (communication interpersonnelle) facilite les échanges et permet d’être entendu. Savoir se parler et savoir s’écouter (communication intrapersonnelle) ouvre le chemin vers la confiance en soi.

Mal compris, sans assurance… on réussit difficilement l’étape de l’entretien d’embauche et on ne franchit que rarement la ligne d’arrivée à l’emploi. Mal compris, sans assurance… on l’a souvent dans l’os.