En voilà une autre de situation fort concrète et fort insatisfaisante !
Temps de validation des préparations de stage pour les étudiants de Bac 1. C’est leur 1er stage. Ils doivent présenter au prof le canevas de préparation complété, ce qui inclut une analyse de la matière, un plan des activités avec pour chacune l’identification de l’objectif visé en termes de compétence, les documents pour les élèves et en vis-à-vis, le déroulement détaillé. Vingt minutes par étudiant, c’est un travail à la chaine et assez administratif : vérifier, valider et donner un visa pour aller en stage.
Certains ne sont pas prêts, c’est pourquoi le lendemain est prévu un temps pour revoir ces étudiants. Dans ce flot arrive Mathilde. Elle me dit n’avoir que les documents-élèves et que ceux-ci, suite à une demande du maitre de stage, vont être modifiés. Je lui rétorque alors que je n’ai donc aucun document à valider et que par conséquent, elle devra se représenter le lendemain. Son visage se décompose et elle me dit avoir un engagement pris de longue date avec une école pour y mener des activités. Cette étudiante a publié un livre fantasy et j’infère que l’engagement qu’elle évoque y est lié. Je lui réponds qu’elle doit faire son choix en mesurant bien les conséquences de chacun. Elle accepte que je l’inscrive à 9 h 15.
Avant cette seconde salve de validation, je consulte mes mails professionnels. La veille à 22 h 20, Mathilde m’a envoyé « Madame Hérion, étant dans l’absolue impossibilité de me présenter demain à 9 h 15, je vous fais parvenir mes documents pour les élèves » Mon sang ne fait qu’un tour. Pour qui est-ce qu’elle se prend ?! Elle s’imagine quoi ?! J’attends que la directrice arrive, lui signale le problème et demande qu’elle lui rappelle les obligations institutionnelles : pas de validation des prépas, pas de stage, donc pas de réussite. Vers 11 h, je retourne au bureau de la directrice, pas de nouvelle de Mathilde. Retour aux mails vers 16 h, Mathilde me demande si elle peut m’envoyer les documents de préparation le soir ou si c’est trop tard. Je ne réponds pas tout de suite, tant cela s’agite en moi. En faisant une recherche pour un autre étudiante, je suis amenée à écouter Keny Arkana, une rappeuse qui dans sa chanson « L’usine à adulte » dénonce le formatage des gens et des idées mis en œuvre par le système scolaire.
Les paroles me touchent, je me sens en accord avec ces propos. Je décide de mettre mes actes en cohérence avec mes idées et j’écris à Mathilde « Afin que tu puisses réaliser ton stage, j’accepterai tes documents de préparation et je te donnerai un feedback, par mail, demain dans la matinée. Je dois toutefois te dire que je souhaiterais reparler avec toi de cette situation. Nous prendrons le temps après ton stage. »
De 7 h à 8 h, je lis sa préparation et comme je m’y attendais, beaucoup d’éléments ne sont pas de qualité. Je commente dans son document Word et lui envoie.
17 h 30 et aucune nouvelle de Mathilde.