Soleil éclatant et pluie battante

Seize participants de seize horizons différents s’installent dans le Condroz le temps d’un weekend. C’est le fameux weekend d’écriture où l’équipe de TRACeS de ChanGements invite ses lecteurs à écrire autour d’un thème qui fera l’objet d’un
numéro de la revue.[1]En l’occurrence ce numéro autour du plaisir d’apprendre.

Rassemblés autour du plaisir de réfléchir à leurs pratiques de formateur, d’enseignant ou d’accompagnant, une bonne moitié d’entre eux sont déjà des routards de la PI (Pédagogie Institutionnelle).
Les autres, plus ou moins nouveaux, en sont encore à se poser la question fatidique : « Au fait, c’est quoi la PI ? » Pour réponse, ils entendent : « Demande plutôt à machin, il t’expliquera mieux. » ou « La PI, ça ne s’explique
pas, ça se vit.
» Deux esquives prouvant que la question a de l’intérêt…

TOUS HÉROS

Vendredi soir, première prise de contact, premier « conseil », encore serein,
entre pédagogues civilisés : Miguel distribue consignes, composte et responsabilités.
Première émancipation de la minorité masculine à la distribution
des chambres, les femmes leur concèdent des lofts séparés. Louiza dort avec
sa copine (Aurélie, si tu veux protester, fais entendre ta voix) et les autres,
vous pouvez vous débrouiller. À part Fatima, qui d’autre a oublié ses draps ?

Samedi matin, première mise en tension… pas du groupe, loin de là – certains
ont essayé, sans succès – mise en tension des mots et série d’affiches,
premières d’une longue lignée. Aimeraient-ils les affiches à CGé ? Ont-ils des
récup’ de papier à liquider ? Des textes sont en ébauche : Anne a déjà confiance
en la bienveillance, Caroline caresse tendrement son petit ordi blanc, Michèle
tap tap tap sur ses idées et Thérèse sur ses djembés.

Samedi midi arrive, le moment de se mettre à table pour… la prochaine activité
bien sûr (les estomacs pourront patienter). Écrire en arabe sur une cocotte
en papier puis l’allumer pour la fumer, une séquence idéale pour échanger,
réfléchir puis afficher (Hélène est enthousiaste). La journée gagne en
intensité, le soleil dehors l’imite, nous incite à écrire. Marie-Astrid confirme :
toi aussi tu peux être le héros de cette journée ! Justine n’hésite pas à prendre
pour apprendre. Quant à Philippe, meilleurs voeux.

TOUS, TOUS… TOUT, TOUT…

L’heure de l’apéro ne se fait pas prier, les boules de pétanque sont vite remplacées
par des conversations plus essentielles. Sandrine maitrise les proportions
: au barbecue, le pire, c’est de ne pas avoir assez (y’a un peu plus, je vous
l’met ?), Pascale assure pour le charbon et théorise sur les merguez, Muriel
aide et soigne la cuisson. Entre deux pluies, les bouteilles de vin blanc disent
adieu à la vie. Après le souper, un jeu dans le confort des canapés… Quoi ?
Encore se discipliner ? Freddy Mercury se rebelle et ne veut pas participer.
Jean Paul de Saxe Cobourg Poirot jette l’Éponge. Sofia Loren hésite à mettre
dans son lit Kaurismäki ou Marsupilami. Enfin, cette journée chargée laisse
place à la nuit.

Dimanche matin, les croissants sont arrivés. Sans transition, textes et emmerdeurs
sortent du placard. Aurélie, tout le monde compte sur toi, vote pour
le bon candidat. Dernier conseil plus animé. Oui, Nicolas, ça devrait être possible
de diviser deux euros en 15. Non, Pascale, tu n’as pas tort de dire que l’enfer,
c’est les autres. Dernière répartition des bagages et nourritures dans les voitures
(qui emporte les tartines café-mayonnaise-pâté-brochette-confiture ?).

Dans la voiture, dernier soleil éclatant, sur le chemin du retour, je repense
à ma question restée sans réponse : « Au fait, c’est quoi la PI ? » Caroline m’explique
– très pédagogiquement d’ailleurs – ce qui se cache derrière ces initiales,
me raconte comme nous l’avons vécue, à notre insu, tout au long de ce
weekend. Merci ! Dans mon esprit, tout s’éclaire. Dehors, la pluie battante a
redoublé.

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 En l’occurrence ce numéro autour du plaisir d’apprendre.