Les schémas de passation : progressif et concret !

Les épreuves de qualification sont régies par une base légale qui prévoit trois à six épreuves dites intégrées sur le degré (5e et 6e année) ou sur un an dans le cadre d’une 7e qualifiante. Comment redonner de la valeur au certificat de qualification ?

Ces épreuves sont le fruit du travail des enseignants qui ont dû, en amont, saucissonner le profil de formation (ensemble des compétences à maitriser d’une option) en fonction d’un nombre d’épreuves programmées allant de trois à six. Les enseignants ont donc pu fixer les compétences à évaluer par épreuve en fonction de la chronologie du cours. Les élèves sont informés, ils reçoivent le schéma de passation et savent très exactement le contenu de l’évaluation. Les règles du jeu sont donc bien fixées et connues de tous.

« Revaloriser un diplôme peu pris en considération. »

L’objectif d’un tel système d’évaluation est de revaloriser un diplôme peu pris en considération par les entreprises et lui conférer ainsi une certaine légitimité. C’est également le cas pour les élèves qui peuvent ainsi trouver du sens à ce qui est travaillé en classe.

Pas de redoublement

Le schéma de passation permet aux élèves d’être évalués progressivement sur un groupement de plusieurs épreuves avec des moments de remédiation entre les épreuves. Cela implique un cliquet automatique entre la 5e et la 6e qui supprime la possibilité du redoublement en fin de 5e. En fin de 5e, l’élève est soit réorienté vers une autre option, soit admis en 6e, avec ou sans la programmation d’une remédiation.

Cette pratique peut produire des frustrations au sein des équipes d’enseignants : un élève qui échoue à son épreuve de 5e année profite du cliquet automatique. Cela devient une arme à double tranchant : soit la remédiation mise en place lui profite et il tire tous les bénéfices de ce cliquet, soit on se rend compte en 6e qu’il n’est pas du tout à sa place dans l’option, et le calvaire continue pour lui. La frustration pour les enseignants est de savoir qu’un élève doit terminer son schéma, donc présenter les dernières épreuves et peut-être ne pas y arriver.

Cependant, j’observe dans la pratique que cette situation est très rare. En effet, une réorientation se pratique souvent fin de 5e année si les indicateurs montrent très clairement que l’élève n’est pas à sa place dans son option. Pour ce qui est de ceux qui profitent du cliquet automatique, les enseignants mettent tout en œuvre pour les aider et dans 99 % des cas, le résultat est payant.

Montrer ce qu’on sait faire

En fin de parcours, certifier l’obtention de la qualification par les élèves en les plongeant dans une mise en situation professionnellement significative, c’est simuler une journée de travail en entreprise. Cette situation a été préparée en classe au préalable et la pratique en stage va, bien entendu, les aider.

Ce système dans l’établissement où j’enseigne, à savoir un établissement indice 2 en encadrement différencié, montre toute son efficacité. En effet, il permet aux élèves d’avancer progressivement dans leur schéma, de suivre une remédiation et de s’améliorer pour l’épreuve suivante. En effet, chaque épreuve peut reprendre des compétences qui ont déjà été évaluées, mais elle doit être complexifiée. Plus on avance, plus les épreuves ont du poids dans leur pondération, ce qui permet à l’élève de résorber son retard de points.

Finalement, l’élève est évalué sur la moyenne de l’ensemble des épreuves du schéma. Un mauvais départ n’est donc pas un problème. Il ne doit pas être vu en tant que tel par l’élève et par les enseignants.

Il reste une dernière étape : celle du jury. Celui-ci est constitué des enseignants de l’option, d’un représentant du pouvoir organisateur de l’école (souvent un membre de la direction) et de membres extérieurs. Ces membres extérieurs ne peuvent pas être plus nombreux que les professeurs de l’option. Ils doivent être invités à participer aux épreuves, par exemple jouer le rôle d’un client au téléphone, d’un visiteur à accueillir. Bref, l’historique qualification qui consistait à présenter son stage devant un jury est révolue, la qualification, c’est du praticopratique. On joue le jeu! Les membres du jury par cette participation vont pouvoir répondre à deux questions : l’élève est-il capable de suivre des études supérieures? Et voit-on l’élève exercer ce métier et s’insérer dans le monde professionnel?

Le résultat est au bout

À partir de ces deux questions, tout le débat prend son sens. Certains vont être reçus, les compétences ont été observées, elles sont là et la moyenne du schéma de passation le prouve. Pour d’autres, les compétences n’ont pas pu être observées et malheureusement l’issue est défavorable pour eux. Ils peuvent cependant encore obtenir leur CESS sans certificat de qualification. Mais une troisième situation peut apparaitre : l’élève n’a pas sa moyenne au schéma de passation, il est en dessous des 50 % et cependant, les membres du jury ont observé qu’il était capable de s’insérer dans le monde professionnel. Dans ce cas, malgré la moyenne qui n’est pas atteinte, le jury de qualification peut délivrer le certificat de qualification.

Ces épreuves de qualification reprises et explicitées dans un schéma de passation se font dans toutes les options du qualifiant à l’exception de celles où la CPU est d’application. Cette CPU devait, à terme, remplacer le schéma de passation. Mais les résultats récents d’un rapport d’inspection montrent qu’elle n’a pas atteint ses objectifs à savoir : faire en sorte que plus d’élèves sortent de l’école avec une certification.

Je ne suis pas convaincu qu’il faille changer de système. Non pas parce que je suis réfractaire au changement, pas du tout même! Mais tout simplement parce que ce système est adapté aux jeunes qui suivent l’enseignement qualifiant. Il les pousse à terminer leur cursus, à se poser des questions, et à se dépasser pour pouvoir y arriver. C’est aux enseignants que revient la responsabilité de montrer aux élèves qu’il est important d’aller au bout du processus et de venir à l’école. En effet, comme je l’ai écrit plus haut, l’épreuve intégrée finale, épreuve où on mélange tous les cours pour simuler une journée de travail, n’est que l’aboutissement de ce qui a été fait en classe. C’est quelque part le match quand les cours représentent l’entrainement.