« Des paresseux, des profiteurs, des irresponsables », ce sont les enfants et les parents « pauvres ». « Incompétents, aveugles, pourris, … », ce sont les politiques.
Édifiantes, les « réactions » suscitées par le décret « Robin des bois » du gouvernement de la Communauté. A lire sur les sites du Soir, de La Libre et de la DH. Ce décret enlève quelques moyens (fonctionnement et encadrement) aux écoles « riches » pour les attribuer aux écoles (de) « pauvres ». Évidemment personne n’accepte d’être catalogué dans les écoles « riches » ou de riches. Bien sûr, le gouvernement ne pouvait pas s’y prendre plus mal. D’autant que la ministre Simonet croit bon d’en remettre une couche : « l’impact sera léger ». Ajoutez à cela que le fameux indice socio-économique (qui sert de base à ces transferts) est plus que discutable. Exemple : il « pénalise » de la même façon une école d’enseignement général de « très bonne » réputation et l’école professionnelle voisine … qui accueille les élèves réorientés, en recherche, en retard, en quasi décrochage, … « Même indice » !
Consternant. On peut lire sur tous les sites de tous les quotidiens l’expression écœurante de tous les simplismes et de tous les refus du principe de solidarité. En fait, la traduction d’une ignorance incroyable des défis prioritaires pour toute la société en matière de formation des jeunes : tout faire pour que le système scolaire ne produise plus une masse de non qualifiés, de jeunes qui ont perdu confiance en eux, dans la société et dans leur avenir. Et bien non : « c’est leur faute, ils n’ont pas saisi leur chance ! », reste la conviction largement dominante dans ces rubriques-défouloirs.
Provocant. A Lasne, commune sinistrée du Brabant wallon comme nul ne l’ignore, on appelle à une grande manif ! En front commun, les écoles communales, les écoles libres, l’échevine, les parents d’élèves, … relayés par la DH, ils crient en chœur à l’injustice : le confort de leurs enfants/élèves est en péril. Donc l’avenir du pays en danger.
Alarmant. Au-delà de cet épisode, c’est ce repli sur « ma » commune, « mon » école, « mes » élèves, « mon » capital-périodes, « mes » enfants, …cette incapacité à ouvrir les yeux sur les besoins criants des voisins d’ici et d’ailleurs, à relativiser, à élaborer et expliquer des mesures qui allient solidarité et sens, … qui sont alarmants. Et qu’on retrouve dans d’autres dossiers sensibles.
Une fois de plus, des mesures difficiles, qui nécessiteraient beaucoup de pédagogie et de diplomatie, vont avoir des effets contre-productifs. Parce que « elles relèvent d’une gouvernance par le nombres qui se fonde sur la connaissance instrumentale, évaluée, calculée, mathématisée. Au détriment de la connaissance-sagesse, de la connaissance-vérité », comme l’écrit Jean-Claude Guillebaud à propos du séisme au Japon.
C’est la culture démocratique elle-même qui est en question. Celle qui se construit dans les familles, les écoles, les médias et les mouvements sociaux. Celle qui devrait présider à l’action politique et aux débats citoyens. « Ce sont les capacités qui excèdent toute fonctionnalité productive, c’est la culture qui ne sert à rien qui, seules, rendent une société capable de se poser des questions sur les changements qui s’opèrent en elle et de leur imprimer un sens » (André Gorz).